Lors de la 3e Conférence interparlementaire africaine sur les défis mondiaux émergents à Entebbe, le président de l’Assemblée nationale congolaise, Vital Kamerhe, a jeté un pavé dans la mare en liant souveraineté alimentaire et stabilité politique. Son discours, teinté de réalisme acéré, interroge : comment bâtir l’autosuffisance continentale quand les armes parlent plus fort que les tractations commerciales ?
« La paix n’est pas un préalable, c’est la colonne vertébrale », a martelé l’homme d’État, fustigeant l’indifférence face aux conflits qui ensanglantent la RDC, le Sahel et la Corne de l’Afrique. Une critique en filigrane des solidarités africaines en lambeaux, où chaque capitale semble jouer sa partition sur une partition géopolitique discordante. Les références aux pères fondateurs de l’Unité africaine ont résonné comme un rappel à l’ordre : « Nos aïeux se battaient pour des frontières mentales, pas pour des minerais ».
Kamerhe déploie ici une rhétorique à double détente. D’un côté, l’appel à la ZLECAF – zone de libre-échange continentale – comme rempart contre les dépendances extérieures. De l’autre, un constat implacable : « On ne cultive pas des champs minés ». Les routes agricoles et les infrastructures régionales, évoquées avec insistance, dessinent les contours d’un New Deal africain où l’intégration économique serait both shield and spear.
Mais le véritable coup de griffe vient en creux. En invoquant la nécessité de « créer des conditions de vie décentes en milieu rural », le numéro un du Parlement congolais pointe l’hypocrisie d’États prompts à signer des pactes transnationaux tout en négligeant leurs paysans. Une manière de rappeler que la souveraineté alimentaire commence par des semences dans les mains, pas par des accords dans les tiroirs.
Reste la question centrale : cette vision peut-elle transcender les rivalités régionales ? Alors que les conflits en RDC continuent de drainer ressources et attentions, Kamerhe mise sur un réalignement des priorités. « L’Afrique doit choisir entre être un terrain de jeu géopolitique ou un architecte de son destin », semble-t-il suggérer. Prochaine étape ? Transformer ce plaidoyer en feuille de route commune – défi aussi crucial que périlleux.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
