À Matadi, le chaos routier est devenu le quotidien de milliers de citoyens. « Chaque jour, les camions bloquent les rues. On perd des heures dans les bouchons, parfois même pour des urgences médicales », témoigne Jean K., un habitant exaspéré. Face à cette crise, les autorités urbaines ont décidé de passer à l’offensive. Vendredi 9 mai, le maire Dominique Nkodia Mbete a lancé une campagne inédite pour désengorger les artères de la ville, en collaboration avec la division provinciale des transports, la police routière et la CNPR.
Cette initiative vise à sensibiliser les transporteurs et entreprises exploitant des poids lourds, souvent pointés du doigt pour leur rôle dans les embouteillages monstres. « La plupart de ces camions n’ont pas de garage officiel à Matadi. Résultat ? Ils stationnent n’importe où, abandonnent des épaves sur les voies principales », déplore le maire. Une réalité qui transforme certaines portions de routes en véritables dépotoirs de ferraille, aggravant les risques d’accidents.
Mais comment sortir de ce cercle vicieux ? Les mesures annoncées sont radicales : interdiction de stationnement sur les axes stratégiques, évacuation immédiate des véhicules immobilisés et création d’une fourrière municipale. « Un site a été identifié pour stocker les épaves. Nous utiliserons un véhicule-grue et des porte-chars pour les transférer », précise Dominique Nkodia Mbete. Les contrevenants devront s’acquitter d’amendes pour récupérer leurs biens, tandis que les carcasses non réclamées seront vendues ou détruites.
Cette offensive s’inscrit dans un contexte plus large de restructuration du transport au Kongo Central. Les embouteillages à Matadi ne sont pas qu’un problème de fluidité routière : ils reflètent l’absence criante de planification urbaine et la précarité des infrastructures. « Quand les poids lourds paralysent le centre-ville, c’est toute l’économie locale qui suffoque », analyse un expert en mobilité. Les petites commerçantes, comme Mama Sophie, vendant des produits périssables au marché, en paient le prix fort.
Reste une question cruciale : ces mesures suffiront-elles ? Si la fourrière et les amendes dissuadent certains, la solution durable passe par la création de zones de stationnement sécurisées pour les transporteurs. « Le gouvernement provincial doit accélérer les projets d’aménagement », insiste un membre de la CNPR. Pour les habitants, l’espoir renaît timidement : « Enfin, on agit ! Mais il faut que ça dure », lance Pascaline, une enseignante croisée près d’un carrefour stratégique.
Derrière ces embouteillages à Matadi se cachent des enjeux socio-économiques majeurs. La gestion des poids lourds impacte directement la sécurité, la santé publique et le développement du Kongo Central. L’action de Dominique Nkodia Mbete ouvre une brèche, mais le vrai défi sera de transformer l’essai en un plan global incluant tous les acteurs – des chauffeurs aux urbanistes. Car une ville étouffée par ses propres véhicules ne peut prétendre à l’émergence.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net