Trois semaines après les violences perpétrées par les miliciens Mobondo près du village Mayala, dans le secteur Wamba, les survivants livrent un combat quotidien pour leur survie. Admises à l’hôpital général de référence de Bandundu, six victimes, dont des femmes et des enfants, dénoncent l’absence criante d’assistance des autorités provinciales. Seule lueur d’humanité dans ce tableau sombre : les interventions sporadiques du Colonel Mbayo, commandant du 113ᵉ bataillon des FARDC.
Des survivants entre douleur et abandon
Hélène Ngaba, 58 ans, incarne le drame de tout un village. Amputée de la main gauche après avoir vu cinq de ses enfants tués sous ses yeux, elle décrit une réalité glaçante : « Nous mangeons difficilement. Tous mes biens ont été emportés. Le colonel nous avait promis une prise en charge par le Gouverneur… Où est-il ? » Son témoignage résonne comme un cri étouffé dans les couloirs de l’hôpital, où les lits côtoient la détresse.
Le Colonel Mbayo, seul rempart contre l’indifférence
À deux reprises, l’officier des FARDC a apporté du riz et de l’argent aux victimes. « Sans lui, nous serions morts de faim », confie un homme blessé, la jambe encore bandée. Pourtant, cette aide reste insuffisante face à l’ampleur des besoins médicaux et alimentaires. Comment expliquer que les mécanismes de secours d’urgence ne se soient pas enclenchés malgré la gravité de la situation ?
Une crise humanitaire qui s’aggrave à Kwilu
Les récits s’accumulent, tous plus déchirants les uns que les autres. Adeline, jeune mère avec une plaie béante dans le dos, raconte comment elle a survécu à une attaque à l’épée : « Ma famille entière a été décimée. Dormir à jeun est devenu normal. » Un autre survivant, ayant perdu quatre enfants et son épouse, montre ses cicatrices comme preuve d’un système de protection défaillant. Ces histoires individualisent une tragédie collective : l’incursion du 1ᵉʳ avril a fait au moins 12 morts selon les premiers bilans.
Mayala : un village fantôme en attente de justice
Alors que les blessures physiques commencent lentement à cicatriser, les traumatismes psychologiques persistent. Les survivants, originaires de zones rurales reculées, se retrouvent sans réseau de soutien à Bandundu. « Nous n’avons pas de famille ici. Comment reconstruire nos vies ? », s’interroge un rescapé. La réponse des autorités se fait toujours attendre, soulevant des questions sur la gestion des crises sécuritaires dans la région.
Cette situation met en lumière deux réalités contrastées : l’engagement isolé d’un militaire face à l’inaction des structures étatiques. Alors que la communauté internationale alerte sur l’aggravation de la crise dans le Kwilu, les appels au secours des victimes de Mayala restent sans réponse. Qui prendra le relais du Colonel Mbayo pour éviter que ces survivants ne deviennent des morts-vivants ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd