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Coupure internet au Nord-Kivu : Pinga étouffe sous l’isolement télécom et l’insécurité

Dans les collines reculées de Pinga, au Nord-Kivu, chaque pas vers la modernité se transforme en parcours du combattant. Imaginez : marcher 20 kilomètres sous un soleil de plomb, le long de sentiers minés par l’insécurité, juste pour envoyer un SMS ou recevoir un transfert d’argent. « Je dois quitter mon village à 5h du matin pour atteindre Mutongo avant midi. Sans réseau, nos vies sont suspendues », témoigne un enseignant, sous couvert d’anonymat par crainte des représailles.

Depuis deux semaines, la coupure internet et mobile de Vodacom, unique opérateur dans la zone, plonge Pinga dans un isolement numérique sans précédent. La raison ? Une panne de carburant critique, bloquée par des routes impraticables et contrôlées par les rebelles du M23. « Nos groupes électrogènes sont à sec. Ravitailler nos antennes relève de l’impossible », explique une source interne à Vodacom, sous le couvert de l’anonymat.

Les conséquences ? Un effondrement en cascade. Les services M-Pesa, bouée de sauvetage économique pour des milliers de familles, sont paralysés. « Comment payer les enseignants ? Comment acheter des semences ? », s’indigne Bayomba Safari, vice-président de la société civile locale. Les transferts d’argent, vitaux dans cette région en crise permanente, obligent désormais à des expéditions périlleuses. Chaque déplacement devient une roulette russe face aux groupes armés qui rôdent.

Cette paralysie télécom aggrave une situation humanitaire déjà explosive. Les centres de santé ne peuvent plus commander de médicaments. Les écoles peinent à coordonner les examens. Même la sécurité alimentaire est menacée : « Sans mobile, les agriculteurs ignorent les prix du marché. Ils se font arnaquer par des intermédiaires », déplore un leader paysan.

Derrière cette crise technique se profile un drame politique. La route Goma-Pinga, artère vitale laissée à l’abandon, symbolise le désengagement de l’État. « Quand les pouvoirs publics et les opérateurs privés nous oublient, les milices remplissent le vide », analyse un expert en sécurité sous couvert d’anonymat. Le M23, en contrôlant l’accès au carburant, asphyxie délibérément toute une région.

Que font les autorités ? Les promesses de rétablissement se heurtent à la réalité du terrain. Un convoi humanitaire tentant d’acheminer du carburant a dû rebrousser chemin la semaine dernière, sous la menace des armes. « Nous négocions avec toutes les parties pour sécuriser l’accès », assure un responsable provincial, sans fournir de calendrier concret.

Cette crise révèle une vérité crue : dans l’Est congolais, le réseau mobile est devenu un bien de première nécessité. Son interruption équivaut à une condamnation à mort sociale. Combien de temps Pinga devra-t-elle survivre en mode hors-ligne ? La réponse dépendra de la capacité des acteurs à transformer l’urgence humanitaire en priorité politique.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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