À Kinshasa, l’annonce de l’élection du nouveau pape Léon XIV a réveillé une vague d’émotion parmi les fidèles congolais. Des photos de Robert Francis Prevost, désormais souverain pontife, ont inondé les réseaux sociaux, ravivant les souvenirs de ses passages en République démocratique du Congo (RDC). Un attachement qui s’explique par son histoire profondément liée à ce pays, où il a marqué les esprits lors de ses visites en 2003 et 2009.
« Ses visites nous soulageaient. Étant des missionnaires, on était toujours encouragés par la venue de nos supérieurs », confie le Révérend Père Elia Taban, joint depuis la communauté des Augustins de Poko, dans les Bas-Uélé. Ce témoignage, parmi d’autres, dessine le portrait d’un homme d’Église proche des réalités locales. En 2003, alors supérieur général de l’Ordre de Saint Augustin (OSA), Robert Francis Prevost recevait les vœux solennels de religieux comme Mgr Martin Banga, aujourd’hui évêque de Buta. Une image forte, symbolisée par cette photo où le futur pape bénit le jeune religieux dans le couvent Sainte-Rita de Kinshasa.
Mais comment un Américain, né à Chicago, a-t-il su tisser un lien aussi fort avec le Congo ? La réponse se niche dans ses actions concrètes. En 2009, lors d’une visite canonique, il parcourt les couvents augustiniens de Dungu, Poko, Amadi et Kinshasa. À l’USAKIN, aux côtés de feu Mgr Bulamatari, il inaugure le Théologat Saint Augustin. Un héritage toujours visible, comme en témoigne cette photo où il sourit, entouré d’étudiants en théologie.
« C’est un homme de terrain », insiste le Père Taban. Loin des fastes du Vatican, Léon XIV aurait-il gardé cette simplicité qui lui valut l’affection des Congolais ? Le religieux se remémore des scènes banales mais révélatrices : « Il mangeait le makemba et le pondu sans se gêner. Il buvait notre eau naturelle. » Une humilité qui contraste avec les défis colossaux de l’Église en RDC, tiraillée entre pauvreté, conflits et besoin de renouveau spirituel.
Son élection intervient dans un contexte où l’Église catholique congolaise joue un rôle clé, tant social que politique. En choisissant un pape ayant arpenté les routes du Congo profond, le conclave envoie-t-il un signal aux périphéries souvent oubliées ? Pour Mgr Banga, dont la carrière épiscopale débuta sous la bénédiction de Prevost, cette élection pourrait renforcer les missions locales. Reste à savoir si Léon XIV, désormais responsable d’1,3 milliard de catholiques, parviendra à concilier gouvernance globale et attentes spécifiques de l’Église congolaise.
Alors que les hommages affluent, une question persiste : ces souvenirs de partage et de proximité préfigureront-ils un pontificat tourné vers l’Afrique ? En RDC, où 35% de la population est catholique, nombreux sont ceux qui espèrent voir le nouveau pape revenir sur ces terres qui l’ont tant marqué. Entre mémoire collective et défis d’avenir, Léon XIV hérite d’une Église en quête d’espérance – et le Congo attendra peut-être, plus que jamais, la réalisation d’une promesse implicite : celle d’un pasteur qui comprend ses ouailles jusque dans leur quotidien.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd