Imaginez des enfants assis à même le sol, leurs cahiers tremblant sous les rafales de vent, tandis que la poussière se mêle aux explications du professeur. Cette scène n’est pas le fruit d’une fiction dystopique, mais la réalité quotidienne de centaines d’élèves du village Elila, au Maniema. Depuis plus d’un mois, les écoles primaire Kayengela et institut Alubati fonctionnent… en plein air. La faute aux pluies diluviennes qui ont arraché leurs toitures, laissant enseignants et élèves à la merci des éléments.
Une urgence éducationnelle passée sous silence ?
Comment étudier sereinement quand le ciel se transforme en plafond ? Les pupitres ont cédé la place à des troncs d’arbres, les tableaux noirs à des morceaux de bois calciné. « Nos uniformes sont constamment mouillés, et quand le soleil cogne, certains s’évanouissent », témoigne une élève sous couvert d’anonymat. Pendant ce temps, le député provincial Kibungi Mutanga alerte en vain : « J’ai interpellé le gouverneur à maintes reprises. Aujourd’hui, ce sont les partenaires internationaux qu’il faut mobiliser ».
L’UNICEF en première ligne des appels à l’aide
L’élu pointe un paradoxe accablant : alors que la RDC consacre 16% de son budget à l’éducation (Banque mondiale 2022), certaines régions semblent tomber dans l’angle mort des politiques publiques. Son plaidoyer s’adresse notamment à l’UNICEF, dont les programmes d’urgence ont déjà permis la réhabilitation de 150 écoles dans l’Est du pays en 2023. Mais à Elila, l’aide tarde. « Sans toit, comment parler d’environnement pédagogique sécurisé ? », s’indigne un enseignant, montrant du doigt les bâches trouées qui servent de protection précaire.
Héroïsme pédagogique face à l’adversité
Dans ce tableau sombre, une lueur d’espoir : le dévouement remarquable des professeurs. Armés de branchages et de vieilles tôles, ils ont érigé des abris de fortune. « Chaque matin, on prie pour que la pluie nous épargne », confie l’un d’eux. Leur ténacité évite pour l’instant une interruption totale des cours, alors que l’année scolaire touche à sa fin. Mais jusqu’à quand pourront-ils tenir ?
Une course contre la montre avant la prochaine saison des pluies
La réhabilitation des toitures à Elila devient cruciale à l’approche de la prochaine saison humide, prévue en septembre. Un calendrier serré qui exige une mobilisation express. « Si rien n’est fait d’ici là, c’est toute une génération qui risque de décrocher », met en garde le député Mutanga. Alors que le gouvernement provincial évoque « des priorités concurrentes », les parents d’élèves scrutent l’horizon, espérant voir arriver les premiers camions de matériaux de construction…
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net