En cette année 2024, une lueur d’espoir médical perce dans l’Ituri déchirée par les conflits : plus de 70 000 personnes ont accédé à des soins gratuits grâce au Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Parmi elles, 50 blessés par armes – soldats comme combattants – ont pu reconstruire leur vie grâce à une prise en charge sans discrimination. Comment une telle opération humanitaire fonctionne-t-elle dans une zone à haut risque ?
Un pont sanitaire au cœur de la violence
Dans les territoires de Djugu et Sud Irumu, épicentre des affrontements, le CICR a transformé des structures de santé en véritables bouées de sauvetage. Imaginez ces dispensaires comme des arches de Noé médicales : ils reçoivent quotidiennement des flux de patients souvent incapables de payer ne serait-ce qu’un antidouleur. « Chaque mois, nous approvisionnons ces centres en médicaments essentiels et matériel chirurgical équivalent à 15 tonnes de secours », explique Merrick Alagbe, responsable local du CICR.
La médecine sans frontières idéologiques
Le protocole d’intervention intrigue : comment soigner simultanément des belligérants ennemis ? « Notre mandat est clair comme du cristal : le blessé n’a pas de camp. Qu’il porte uniforme ou arme artisanale, son droit aux soins reste sacré », martèle le délégué du CICR. Une approche qui a permis de traiter 34 militaires et 16 membres de groupes armés depuis janvier – des chiffres qui parlent plus fort que les discours.
L’ombre menaçante des coupes budgétaires
Mais cette machine de solidarité grince. Le CICR alerte sur une réduction de 23% de ses fonds globaux en 2024 par rapport à l’an dernier. Pourtant, les besoins explosent : 65% des bénéficiaires congolais souffrent de pathologies aggravées par les déplacements forcés. « Sans antibiotiques, une simple plaie devient gangrène en 48 heures dans ces conditions », rappelle un médecin de l’ONG sous couvert d’anonymat.
Un modèle à sauvegarder d’urgence
Les 158 ans d’expérience du CICR en RDC montrent la voie : former le personnel local (742 agents formés en 2023), privilégier les médicaments génériques à 90% moins chers que les marques, et maintenir des stocks prépositionnés. Mais face à l’essoufflement des donateurs internationaux, les spécialistes tirent la sonnette d’alarme : « Si ces programmes s’arrêtent, le taux de mortalité post-traumatique pourrait tripler dans l’Est congolais », prévient un épidémiologiste de Kinshasa.
En cette Journée mondiale de la Croix-Rouge, un appel urgent résonne : pérenniser ces oasis de santé qui empêchent l’Ituri de sombrer dans une crise humanitaire irréversible. Car derrière chaque chiffre, se cachent des vies que même la guerre n’a pu éteindre.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net