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Contrôle parlementaire à Kinshasa : Vital Kamerhe joue l’équilibriste entre supervision et crise institutionnelle

La scène politique kinoise se prépare à un nouvel épisode de tension constructive ce jeudi 8 mai 2025. Alors que l’hémicycle du Palais du Peuple s’apprête à accueillir une plénière cruciale, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, esquisse une chorégraphie institutionnelle aussi périlleuse que révélatrice. Entre ratification de lois et contrôle parlementaire, l’agenda législatif cristallise les attentes – et les scepticismes – sur la capacité du pouvoir à répondre aux urgences nationales.

Au cœur des débats : huit projets de loi de ratification et six questions orales adressées à hauts responsables. Une feuille de route où se mêlent technicité juridique et enjeux socio-urbains explosifs. Comment interpréter cette dualité ? Simple coïncidence calendaire ou subtil dosage politique ? La question du financement du Kinshasa Arena, symbole des ambitions étatiques, voisine avec l’épineuse gestion des inondations meurtrières. Le ministre des Finances devra justifier ses arbitrages budgétaires tandis que son homologue de l’Urbanisme tentera d’expliquer l’inexplicable : l’effondrement persistant des infrastructures dans une capitale où chaque saison des pluies se transforme en bilan macabre.

« Kinshasa doit être notre priorité absolue », a martelé Vital Kamerhe lors de la séance préparatoire. Une déclaration qui sonne comme un aveu implicite : la ville-monde de 17 millions d’âmes ne serait-elle plus que l’ombre d’une capitale fonctionnelle ? Le président de la chambre basse use d’une métaphore lourde de sous-entendus : « Le miroir de la République s’est fissuré ». Allusion transparente aux érosions qui dévorent littéralement la ville, mais aussi à l’érosion de la confiance citoyenne.

La stratégie de Kamerhe révèle une équation complexe. En exigeant l’adoption in globo des projets de ratification, il libère le terrain pour un contrôle parlementaire ciblé. Une méthode qui évite soigneusement la dispersion mais suscite des remous parmi les députés. Certains y voient une tentative de museler les ardeurs investigatrices du parlement. « Ce n’est ni une guerre ni une bataille », rétorque le numéro un de l’Assemblée nationale, dans un plaidoyer pour un contrôle « méthodique et constructif ». Mais comment concilier cette approche graduelle avec l’exigence d’urgence portée par des élus locaux dont les circonscriptions suffoquent sous les gravats ?

Les questions orales programmées dessinent une cartographie des dysfonctionnements étatiques. De la gestion calamiteuse des voiries par l’OVD à la mise en œuvre bancale de la gratuité des accouchements, chaque interrogation ouvre un front critique. Le directeur général de la RVA devra notamment s’expliquer sur les opacités du Go-pass – ce péage aérien dont les comptes échappent à tout contrôle citoyen. Autant de dossiers où l’exécutif risque de se retrouver acculé à justifier l’injustifiable.

Dans ce contexte, la déclaration de Kamerhe sur l’évaluation prochaine du programme gouvernemental prend des allures d’ultimatum. « Nous n’attendrons pas la fin de l’année », prévient-il, brandissant la menace d’un bilan anticipé. Une manière de rappeler à la Première ministre son obligation de résultats tangibles ? Le calendrier parlementaire devient ainsi une épée de Damoclès suspendue au-dessus de l’exécutif.

Reste que cette session s’ouvre dans un climat de défiance croissante. La raréfaction des plénières depuis mars alimente les suspicions d’un législatif en mode veilleuse. Les députés contestataires dénoncent une « muséification du débat démocratique ». Kamerhe, lui, parle de « concentration sur l’essentiel ». Qui donc cherche à étouffer les contradictions ? La réponse se niche peut-être dans le choix stratégique de débuter par Kinshasa. En faisant de la capitale un laboratoire du contrôle parlementaire, le bureau de l’Assemblée nationale mise sur un effet démonstratif. Mais ce pari comporte un risque : et si le constat dressé jeudi révélait l’ampleur d’un naufrage urbain impossible à contenir ?

Alors que les projecteurs se braquent sur le Palais du Peuple, une question demeure en suspens : cette séquence de contrôle marquera-t-elle un tournant dans la relation entre législatif et exécutif, ou ne sera-t-elle qu’un exercice de communication institutionnelle ? La crédibilité du parlement congolais se jouera dans sa capacité à transformer ces interrogations en actes concrets – au-delà des joutes oratoires et des procès-verbaux.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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