Les provinces congolaises en quête de développement infrastructurel viennent de marquer un pas significatif. Ce mercredi 7 mai, une réunion tripartite entre l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT), le gouvernement provincial du Kasaï-Central et la société chinoise SISC SA a scellé le lancement imminent des travaux de construction du stade de Kananga. Un projet qui s’inscrit dans une vision plus large, incluant la praticabilité de la route Kananga-Kalamba Mbuji, axe stratégique de 230 km vers la frontière angolaise.
Selon les termes convenus, l’ACGT et son partenaire technique chinois devront composer avec un défi logistique de taille : l’acheminement des engins depuis Kinshasa. Le tronçon Kamuesha-Kananga, ponctué de ponts vétustes et de traversées de rivières à gué, représente un casse-tête opérationnel. « Les risques d’avarie sont réels, mais des solutions adaptatives sont à l’étude », confie une source proche du dossier sous couvert d’anonymat.
Le gouverneur Joseph-Moïse Kambulu, fer de lance de ce projet, a insisté sur l’urgence de démarrer les travaux d’assainissement préalables. « La modernisation passe par des caniveaux fonctionnels et un système de drainage pérenne. Ce n’est pas un luxe, mais la base d’infrastructures durables », a-t-il martelé lors des échanges. Une position qui traduit la volonté de rompre avec les réalisations éphémères souvent décriées dans la région.
Sur le plan économique, ces chantiers pourraient irriguer toute la zone du Kasaï-Central. Le stade, vitrine sportive et culturelle, s’annonce comme un levier d’attractivité territoriale. Quant à la route Kananga-Kalamba Mbuji, elle ouvre des perspectives commerciales transfrontalières avec l’Angola, partenaire économique majeur. Selon une étude de la Banque centrale congolaise, chaque kilomètre de route praticable génère en moyenne 2,5 emplois directs et indirects dans les localités traversées.
Mais derrière ces projections optimistes se cachent des enjeux financiers colossaux. Si le budget global n’a pas été divulgué, des experts estiment que la réhabilitation des 230 km de route nécessiterait à elle seule un investissement minimal de 150 millions USD. Un montant qui interroge sur les mécanismes de financement, entre prêts bilatéraux chinois et fonds publics congolais.
À moyen terme, ces infrastructures pourraient reconfigurer les dynamiques régionales. Le Kasaï-Central, longtemps enclavé, aspire à devenir un carrefour d’échanges avec le bassin du Kasaï et l’Afrique australe. Reste à savoir si les engagements pris résisteront aux aléas politiques et techniques. Comme le souligne un économiste basé à Lubumbashi : « L’histoire récente du Congo regorge de projets annoncés, mais le vrai succès se mesure à l’aune des réalisations concrètes. »
Alors que les premiers engins s’apprêtent à entrer en action, la population locale garde un œil méfiant. Entre espoir de désenclavement et crainte de voir les chantiers s’enliser, le Kasaï-Central vit un moment charnière. La concrétisation de ces projets pourrait bien écrire un nouveau chapitre dans le développement des provinces congolaises longtemps négligées.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net