29.2 C
Kinshasa
samedi, mai 24, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéSecuritéIturi : Dans l'enfer oublié de la RDC, des chirurgiens réparent ce...

Ituri : Dans l’enfer oublié de la RDC, des chirurgiens réparent ce que les milices déchiquettent

En Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, une crise humanitaire silencieuse continue de se dérouler sous le fracas des armes. Depuis 2017, la milice CODECO et ses factions dissidentes terrorisent les territoires de Djugu, Mahagi et Irumu. Des villages entiers se vident, transformant des milliers de civils en ombres errantes. Selon Médecins Sans Frontières (MSF), 18% de la population de l’Ituri vit aujourd’hui dans l’exode forcé.

Une machine à broyer les vies

Les attaques nocturnes à l’arme blanche, les tirs d’obus imprévisibles, les exécutions sommaires : chaque récit recueilli à la clinique Salama de Bunia dessine une carte de l’horreur. Comment expliquer que des familles entières survivent sous la menace constante de miliciens sans visage ? Pourquoi cette violence communautaire semble-t-elle échapper à tout contrôle ?

Chair à vif, âmes en lambeaux

Dans les couloirs de l’unité médico-chirurgicale soutenue par MSF, les corps meurtris racontent l’indicible. Cécile, 39 ans, présente des lacérations profondes au dos et aux membres. « Ils ont défoncé notre abri de bâches comme des bêtes sauvages », murmure-t-elle, les yeux fixés sur un avenir incertain. Son témoignage rejoint celui d’Emmanuel, agriculteur de 37 ans, mutilé lors du massacre de Lodha : « On nous traite comme du bétail. L’État regarde-t-il ailleurs ? »

La médecine en première ligne

Le Dr Godefroid Bassara, chirurgien en chef, décrit une course contre la mort : « Certains blessés arrivent après 48 heures de voyage, les plaies infectées. Nous devons parfois réopérer trois fois le même patient ». Entre janvier et mars 2024, la clinique a connu un afflux massif de victimes en provenance de Fataki et Tchomia, épicentres des récentes offensives.

L’urgence invisible

Au-delà des interventions chirurgicales, MSF déploie un dispositif psychologique crucial. Jean de Dieu Cinyabuguma, superviseur santé mentale, alerte : « Le stress post-traumatique devient une épidémie silencieuse. Ces personnes ne se battent pas seulement pour marcher à nouveau, mais pour retrouver le goût de vivre ». La collaboration avec le CICR pour les prothèses et la physiothérapie illustre l’ampleur des mutilations.

Un modèle qui inquiète

Avec 15 zones de santé soutenues sur 36 en Ituri, l’action de MSF révèle paradoxalement les failles du système étatique. Baraka Sababu, blessé par un obus des FARDC, interroge : « Quand les soldats tirent, qui protège vraiment les civils ? ». Cette question hante les couloirs de la clinique Salama, où chaque guérison physique rappelle les cicatrices politiques non refermées.

Alors que la communauté internationale détourne le regard, les humanitaires deviennent les ultimes remparts contre l’effondrement. Mais jusqu’à quand pourront-ils colmater les brèches d’une crise où la violence semble avoir définitivement remplacé le droit ?

Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd

Commenter
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Derniers Appels D'offres