Le commissariat provincial de la police du Kongo-Central a été doté, ce lundi 5 mai, d’un arsenal roulant inédit. Cinq mini-bus anti-émeutes de marque Force, financés par la présidence de la République, ont été remis lors d’une cérémonie officielle. Une initiative présentée comme une réponse urgente aux défis sécuritaires qui secouent la région.
Le gouverneur Grace Nkuanga Bilolo a personnellement supervisé la transmission des clés au commissaire divisionnaire adjoint Israël Kantu. Dans un discours sans concession, il a martelé : « Ces véhicules doivent marquer un tournant décisif dans notre lutte contre l’insécurité. » Une déclaration qui résonne comme un aveu : Matadi et Boma subissent une vague de crimes organisés, des cambriolages ciblés aux braquages en plein jour.
Les chiffres officiels restent muets, mais les témoignages locaux dépeignent une réalité alarmante. Comment expliquer cette recrudescence de violence malgré les précédents renforts matériels ? Le chef de l’exécutif provincial pointe un double défi : professionnaliser les forces de l’ordre tout en éradiquant les complicités internes. « Aucun policier corrompu ne sera couvert », a-t-il averti, visant explicitement les éléments accusés de collusion avec des réseaux criminels.
Ces blindés légers, équipés pour les interventions à haut risque, arrivent dans un contexte explosif. Alors que les salaires des agents ont été revalorisés et leurs équipements renouvelés, les attentes citoyennes montent en flèche. La population, partagée entre espoir et scepticisme, observe : ces moyens supplémentaires suffiront-ils à inverser la courbe de la délinquance ?
Les analystes soulignent un paradoxe troublant. L’arsenal policier s’étoffe régulièrement – tenues tactiques, logistique mobile, formations spécialisées – pourtant, les statistiques criminelles résistent. Faut-il y voir un problème de stratégie déployée plutôt que de moyens disponibles ? Le gouverneur esquisse une piste : « L’efficacité ne dépend pas que du matériel, mais de l’intégrité de ceux qui l’utilisent. »
Dernier avertissement lancé aux forces de l’ordre : ces véhicules flambant neufs devront être visibles sur le terrain, pas cantonnés aux parades protocolaires. La pression monte sur le commissaire Kantu, dont les équipes devront rapidement prouver leur capacité à sécuriser les artères vitales de la province. Premier test imminent : démanteler les réseaux responsables des récentes attaques à main armée près du port de Matadi.
Cette dotation s’inscrit dans un plan national de modernisation des forces de sécurité, mais son impact réel se jouera localement. Les prochaines semaines diront si ce renfort logistique permettra enfin de restaurer un climat de confiance entre policiers et populations. Une question vitale pour l’attractivité économique du Kongo-Central, région stratégique menacée par des flux criminels transfrontaliers.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net