L’ancien ministre des Finances de la République démocratique du Congo (RDC), Nicolas Kazadi, se retrouve au cœur d’une controverse majeure. Accusé de mauvaise gestion financière par l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP), il a récemment pris la parole pour dénoncer des pratiques budgétaires qu’il juge irrationnelles au sein de l’État congolais.
Des accusations de mauvaise gestion financière
Le 5 mai 2025, l’ODEP a publié un communiqué accusant Nicolas Kazadi de mauvaise gestion financière durant son mandat ministériel. L’organisation pointe notamment une explosion des paiements en procédure d’urgence sous sa direction, avec plus de 300 cas en 2022, dont 60 pour la seule Présidence de la République. L’ODEP évoque également des pratiques opaques dans la gestion de la dette intérieure et des scandales de surfacturation dans des projets tels que les forages d’eau, les lampadaires et la construction du Centre Financier de Kinshasa.
Un plaidoyer pour la réforme budgétaire
Face à ces accusations, Nicolas Kazadi a pris la parole pour dénoncer l’indiscipline budgétaire et l’explosion des dépenses publiques. Il a révélé que 53 établissements publics ont été créés au cours du premier mandat du président Félix Tshisekedi, sans aucune prévision budgétaire. Selon lui, ces structures recrutent et dépensent sans cadre limite, contribuant à une gestion irrationnelle de l’État.
Kazadi a également souligné que, bien que le budget national ait quadruplé sous sa gestion, passant de 4 à 16 milliards USD, cette croissance masque une réalité inquiétante : l’inflation des rubriques dépensières, notamment les primes et allocations diverses. Il a critiqué une culture où “l’argent du projet est arrivé, on se le partage d’abord et on va réfléchir plus tard”.
Un contexte de tensions budgétaires
Ces révélations interviennent dans un contexte de tensions budgétaires croissantes en RDC. Lors de la 42ᵉ réunion du Conseil des ministres, tenue le 2 mai 2025, le président Félix Tshisekedi a exhorté le gouvernement à adopter des mesures urgentes pour redresser les finances publiques, dans un contexte d’agression rwandaise à l’Est et de hausse des dépenses sécuritaires. Il a insisté sur la nécessité d’un contrôle rigoureux du cadre macroéconomique et a demandé un audit des structures nouvellement créées afin d’en évaluer la pertinence.
Vers une réforme de la gouvernance financière ?
L’ODEP, tout en critiquant sévèrement l’ancien ministre, l’invite néanmoins à rejoindre le combat pour la bonne gouvernance mené par la société civile depuis plus de quarante ans . Cette invitation souligne la nécessité d’une réforme en profondeur de la gouvernance financière en RDC, afin de restaurer la confiance des citoyens dans les institutions et de garantir une gestion transparente et responsable des ressources publiques.
La situation de Nicolas Kazadi illustre les défis majeurs auxquels la RDC est confrontée en matière de gestion des finances publiques. Entre accusations de mauvaise gestion et plaidoyer pour la réforme budgétaire, l’ancien ministre des Finances se retrouve au cœur d’un débat crucial sur l’avenir économique du pays.