La ville de Butembo, au Nord-Kivu, traverse une vague de violence inquiétante. Selon un rapport accablant du Réseau pour les droits de l’homme (REDHO), douze personnes ont été sauvagement assassinées en avril dernier. Parmi elles, deux victimes de justice populaire, pratique illégale qui persiste malgré les mises en garde répétées des autorités.
Les méthodes utilisées défient l’entendement : égorgements, lynchages et exécutions sommaires. Le cas de Masika Kyalima Anuarite, secrétaire générale adjointe de l’ASBL Kyaghanda Yira, illustre cette brutalité inouïe. Son assassinat, toujours non élucidé, a jeté un froid dans la société civile locale.
À ces drames s’ajoutent quatre morts accidentelles : deux enfants noyés et deux personnes ensevelies par un éboulement de terre. Des tragédies qui interrogent sur les conditions de sécurité globale dans cette région minée par des années de conflits.
« Cette escalade meurtrière exige une réponse immédiate », alerte Muhindo Wasivinywa, coordonnateur du REDHO. Son organisation presse les services de sécurité d’intensifier les patrouilles et réclame des enquêtes judiciaires indépendantes. « L’impunitè nourrit le cycle de la violence », insiste-t-il, rappelant l’obligation légale de l’État de protéger les citoyens.
Mais comment expliquer cette flambée de crimes en territoire censé être sous contrôle gouvernemental ? Les observateurs pointent du doigt la porosité des frontières, la circulation incontrôlée des armes légères et les failles du système judiciaire. Autant de facteurs qui transforment certaines zones urbaines en véritables passoires sécuritaires.
Les appels du REDHO trouveront-ils écho auprès des autorités provinciales ? Le parquet de grande instance de Butembo affirme avoir ouvert des enquêtes prioritaires, mais aucun résultat concret n’a filtré à ce jour. Pendant ce temps, la psychose gagne les habitants, nombreux à s’enfermer avant la tombée de la nuit.
Cette situation relance le débat sur l’efficacité des stratégies de sécurisation dans l’Est congolais. Alors que les forces de l’ordre semblent dépassées, des voix s’élèvent pour réclamer un plan d’urgence associant armée, police et organisations locales. Une course contre la montre s’engage pour éviter que le mois de mai ne batte des records macabres.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net