Les tensions au Nord-Kivu ont connu une escalade dramatique ce lundi 5 mai. Dans la chefferie de Bwito, les déflagrations d’armes lourdes ont marqué la reprise des affrontements entre les rebelles du M23 et les combattants Wazalendo du CMC/FDP. Les localités de Tongo, Kabizo, Lubwe Sud et Businene sont devenues l’épicentre d’une confrontation dont les conséquences humanitaires inquiètent.
Selon des sources locales, Kabizo – abandonné depuis six mois par le M23 – serait retombé sous contrôle rebelle après des heures de combats intenses. « Ils ont attaqué à l’aube avec des armes lourdes. Les Wazalendo ont tenté de tenir, mais la supériorité numérique était évidente », rapporte un notable sous couvert d’anonymat. La reconquête de cette position stratégique renforce l’emprise du mouvement armé sur l’axe Kanaba-Mulimbi, voie vitale pour le ravitaillement vers Kitshanga.
Les populations paient le prix fort. Des centaines de familles ont fui vers les collines environnantes ou se sont réfugiées dans des maisons abandonnées. « Nous dormons à même le sol, sans nourriture. Les enfants pleurent toute la nuit », témoigne une mère rencontrée près de Mutanga. Le bilan humain reste flou, mais des sources concordantes évoquent « des pertes significatives » dans les deux camps.
La géographie du conflit révèle une partition alarmante du territoire de Rutshuru. Si les Wazalendo maintiennent leur emprise sur Bambo et une partie de Mutanda, le M23 consolide ses positions. À Nroroba, leur présence militarisée paralyse toute activité économique. Comment expliquer cette résurgence rebelle malgré les opérations militaires récentes ? Les analystes pointent du doigt le soutien rwandais présumé, dénoncé à maintes reprises par Kinshasa.
Les combats ne se limitent pas à Bwito. Dans le Masisi voisin, la localité de Buabo a également été le théâtre d’échanges de tirs nourris ce week-end. L’absence de données précises sur ces incidents alimente les spéculations. Une chose est sûre : chaque nouvelle escarmouche rapproche la région d’un embrasement généralisé.
Les autorités provinciales restent muettes sur ces développements. L’armée congolaise, officiellement en charge de la sécurisation, n’a pas répondu aux sollicitations de congoquotidien.com. En attendant, les humanitaires s’alarment : près de 40 000 déplacés seraient en attente d’assistance dans un rayon de 20 km autour de Tongo. L’accès aux zones de combat reste toutefois impossible, compliquant l’évaluation réelle des besoins.
La communauté internationale suivra-t-elle ces événements d’un œil indifférent ? Alors que la MONUSCO entame son retrait progressif, la résilience des groupes armés interroge. Les récentes avancées du M23 posent une question cruciale : le vide sécuritaire post-Mission de l’ONU risque-t-il de plonger le Nord-Kivu dans un nouveau cycle de violence ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net