La ville de Lubumbashi, capitale du Haut-Katanga, fait face à une résurgence inquiétante du choléra avec 565 cas notifiés et dix décès depuis janvier 2024. Trois zones de santé – Kampemba, Katuba et Kisanga – concentrent l’essentiel des contaminations, saturant jusqu’à 122% la capacité des centres de traitement spécialisés. Une situation qui interroge : comment une maladie pourtant évitable continue-t-elle à défier les efforts sanitaires dans cette région stratégique de la RDC ?
Un cocktail explosif : pluies, hygiène précaire et surpopulation
Le choléra, cette infection intestinale aiguë propagée par l’eau contaminée, trouve ici un terrain idéal. Les récentes intempéries ont transformé certains quartiers en paysages marécageux, favorisant la propagation de la bactérie Vibrio cholerae. « Les pluies de la semaine pascale ont créé une recrudescence alarmante », confirme le ministre provincial de la Santé Joseph Sambi Bulanda lors d’une inspection au centre de traitement de Kisanga.
Des symptômes trompeurs, une urgence vitale
Les diarrhées aqueuses caractéristiques peuvent entraîner une déshydratation mortelle en quelques heures, comparable à une batterie de téléphone qui se viderait à vue d’œil. Les enfants de moins de cinq ans et les personnes âgées paient le plus lourd tribut, leur organisme résistant moins bien à cette perte fulgurante de fluides corporels.
Une réponse sanitaire sous tension
Malgré la gratuité des soins assurée par le gouvernement provincial et ses partenaires, les structures débordent. Le CTC de Kisanga fonctionne à capacité maximale, forçant le personnel soignant à improviser des lits supplémentaires. Pourtant, chaque minute compte : une solution de réhydratation orale administrée à temps sauve 80% des vies selon l’OMS.
L’arme de la prévention : un mantra hygiénique
« Se laver les mains coûte moins cher qu’un enterrement », martèle le ministre Sambi Bulanda. Un message simple mais crucial dans une région où seulement 45% de la population urbaine a accès à l’eau potable. Les autorités insistent sur cinq gestes-barrières :
- Ébullition systématique de l’eau de consommation
- Désinfection des fruits/légumes avec de l’eau javellisée
- Utilisation de latrines améliorées
- Lavage des mains au savon avant chaque repas
- Signalement immédiat des cas suspects au 117
Une course contre la montre
Si la gratuité des soins permet de limiter les retards de prise en charge, les experts soulignent l’urgence d’investir dans l’assainissement urbain. Une étude récente de l’Université de Lubumbashi révèle que 60% des caniveaux de la ville contiennent des traces de la bactérie cholérique. Un défi de santé publique qui dépasse largement le cadre médical pour toucher à l’urbanisme et à la gouvernance locale.
En attendant, chaque citoyen reste le premier maillon de la chaîne de prévention. Comme le rappelle un infirmier du CTC de Katuba : « Ici, nous réparons les corps, mais c’est dans les foyers que se gagne vraiment la bataille contre le choléra ».
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net