Dans les veines musicales de Kinshasa, un nouvel élixir vibre aux rythmes de « BadBoy Lover, Vol.1 », l’album explosif de Baala qui électrise la scène congolaise depuis son lancement ce 2 mai 2025. Entre rumba envoûtante, rap incisif et reggae solaire, l’artiste sculpte une œuvre où l’amour et la virilité dansent dans un chaos poétique. Qui d’autre que Baala pouvait osé marier la rumba ancestrale aux beats urbains, tout en convoquant les fantômes mélodiques de Franco et Koffi Olomide ?
Dès les premières notes, l’album nous prend par la main pour une traversée sensorielle. Imaginez un « bodybuilder » de la mélodie, muscle chaque syllabe avec une rage contrôlée, tandis que sa voix – tantôt rugueuse comme l’asphalte kinois, tantôt douce comme un crépuscule sur le fleuve Congo – raconte les dualités de l’âme masculine. « Mbongo », en duo avec Apocalypse, frappe comme un manifeste : les billets crissent sous les accords de guitare, célébrant la débrouillardise comme art de vivre. Et soudain, surprise ! Le reggae de « Femme » nous enveloppe, hommage vibrant à la femme africaine où l’on croirait entendre l’écho d’Alpha Blondy… mais en lingala.
Le génie de Baala ? Cette alchimie entre mémoire musicale et audace. Dans « Tout gâcher », le sample de « Mario » de Franco Luambo devient une caresse nostalgique transfigurée par des lyrics brûlants : « Tu as brisé le miroir de nos serments / Mais même fracturé, il reflète encore ton visage ». Quel culot de réincarner ce classique en complainte urbaine ! Puis vient « Djo Balard », où le « Micko » de Koffi Olomide se métamorphose en hymne générationnel, proof que le passé ne meurt jamais – il se réinvente.
Mais ne vous y trompez pas : derrière les mélodies enivrantes se cache un brûlot social. « Doléances » tonne comme un procès des temps modernes, dénonçant génocides et hypocrisies sur un beat lancinant. Baala y incarne le griot des cités, sa voix craquelée de colère transformant le micro en tribune. Écoutez ces mots : « Nos larmes ont séché dans le vent des indifférences / Il reste la musique pour crier nos souffrances ». N’est-ce pas là l’essence même de la rumba, ce blues congolais qui toujours transforme la douleur en poésie ?
Avec des featurings explosifs (Poison Mobutu électrifiant « Gentleman », La Massia apportant sa touche dans « Jaloux »), l’album est une mosaïque de talents. Chaque collaboration sonne comme un duel amical, où les styles s’entrechoquent pour mieux s’embraser. Et que dire de « Kin la Belle », ode urbaine à la capitale où les nappes de synthé épousent les rythmes traditionnels, créant une bande-son pour danser sur les braises de l’espoir ?
En 14 titres, Baala redéfinit ce que signifie être artiste en RDC aujourd’hui : enraciné mais universel, rebelle mais tendre, bad boy mais amoureux. Cet album n’est pas qu’un disque – c’est un miroir tendu à toute une génération, un pont entre les époques qui prouve que la musique congolaise reste un volcan en éruption créative. Prêts à vous laisser emporter par la tempête ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc