Le lieutenant-général Luboya N’kashama a foulé le tarmac de l’aéroport national de Murongo ce jeudi 1er mai 2025, marquant son retour à Bunia après trois semaines de consultations stratégiques à Kinshasa. Accueilli par le comité provincial de sécurité, le gouverneur militaire de l’Ituri a immédiatement pris la parole devant les médias, dissipant les spéculations sur les raisons de son absence prolongée.
« Le commandant suprême a exigé un bilan exhaustif de nos actions depuis deux ans », a-t-il déclaré, soulignant l’urgence d’une réévaluation des opérations sécuritaires. Les chiffres avancés sont éloquents : quatre des cinq territoires de la province seraient désormais « pacifiés ». Seul Djugu, épicentre des violences communautaires et des exploitations minières illégales, résiste encore.
La voix empreinte d’une détermination martiale, le chef militaire a décrit un déploiement accru des forces jusqu’à Galayi, zone névralgique de Djugu Ouest. « Nos positions sont consolidées. La population locale manifeste une soif de paix que nous ne trahirons pas », a-t-il assuré. Une affirmation qui contraste avec les rapports alarmistes publiés récemment par des ONG locales sur la recrudescence des enlèvements.
Un appel direct a été lancé aux groupes armés réfractaires : « Déposez les armes. Le dialogue reste ouvert, mais notre patience a des limites ». Ces propos résonnent comme un ultimatum voilé, alors que des milices CODECO et FPIC continuent de semer la terreur dans les campagnes.
En filigrane de ce discours se profile une question cruciale : pourquoi Kinshasa a-t-il exigé ce compte-rendu inopiné après 24 mois de mandat ? Certains observateurs évoquent des tensions latentes sur l’efficacité réelle du dispositif sécuritaire. Le gouverneur a balayé ces insinuations : « Notre feuille de route est approuvée. Les moyens supplémentaires seront débloqués sous 72 heures ».
Reste à comprendre comment un territoire, Djugu, parvient à défier toutes les stratégies malgré les bataillons déployés. Le général esquisse une piste : « L’or et le bois alimentent ces conflits. Nous ciblons désormais les circuits financiers des assaillants ». Une approche économique qui pourrait changer la donne… ou attiser les représailles.
La population iturienne, traumatisée par des années de massacres, oscille entre espoir prudent et scepticisme. Les marchés de Bunia ont rouvert, les écoles aussi. Mais dans les villages reculés de la rivière Nébolo, les coups de feu continuent de déchirer la nuit.
Cet équilibre précaire soulève une dernière interrogation : la pacification affichée tient-elle à une vraie amélioration sécuritaire ou à un redéploiement tactique des groupes armés vers d’autres provinces ? La réponse déterminera si l’Ituri entre enfin dans l’ère de la stabilité promise.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net