Dans un contexte économique congolais marqué par l’inflation et la dépréciation monétaire, Advans Congo dévoile des performances financières robustes pour l’exercice 2024. La présentation de son rapport Pilier III, exigé par la Banque Centrale du Congo, révèle une croissance soutenue de 42% des encours de crédits, atteignant 114,2 milliards de francs congolais. Une progression qui interroge : comment cette institution a-t-elle consolidé sa résilience face aux vents contraires ?
Les chiffres-clés témoignent d’une dynamique exceptionnelle. Avec 101,4 milliards de dépôts (+10%) et 2,151 milliards de résultat net (+41%), l’institution affiche une santé financière insolente. Le taux de crédits litigieux, ramené à 7,7% contre 10,8% en 2023, illustre une maîtrise accrue du risque. « Ces résultats incarnent notre rigueur stratégique et la qualité de l’accompagnement client », souligne Jean-Luc Nzoubou, Directeur Général.
Derrière ces performances, un double défi relevé : contenir les effets d’une inflation à deux chiffres tout en étendant son réseau. L’ouverture d’agences à Lubumbashi et Kolwezi, combinée à un effectif accru de 32%, traduit une stratégie offensive. Ces implantations dans le cuivreux Katanga répondent à une logique économique implacable : capter le potentiel minier tout en diversifiant l’exposition régionale.
La feuille de route 2025 s’annonce plus audacieuse encore. Hermann Foko, Directeur Marketing, dévoile un plan d’injection de 100 millions de dollars dans l’économie nationale. Un choc de liquidités destiné à booster l’inclusion financière, avec deux nouvelles agences et des produits digitaux innovants. Le renouvellement automatique de crédits et les transferts internationaux devraient reconfigurer l’expérience client.
Cet activisme s’ancre dans une vision systémique. Colette Likinda, DG adjointe, rappelle l’impératif de « croissance maîtrisée » alignée sur les normes prudentielles. Modernisation des risques, plan de continuité d’activité : les investissements structurels visent à pérenniser l’impact social. Avec 94 000 clients servis et 230,5 milliards de crédits décaissés, Advans Congo se positionne en catalyseur des TPE/PME, véritable colonne vertébrale de l’économie informelle.
Reste que ce volontarisme se heurte aux réalités macroéconomiques. La pression sur le franc congolais, couplée aux tensions sécuritaires dans l’Est, constitue un risque latent. La stratégie d’expansion géographique pourrait alors servir de filet de diversification. Une question persiste : jusqu’où pousser la croissance du bilan sans alourdir l’exposition au risque sectoriel ?
À l’horizon 2026, l’institution mise sur son statut hybride – entre microfinance et banque commerciale – pour capter de nouveaux segments. Le positionnement sur les transferts internationaux pourrait drainer des flux diasporiques essentiels, tandis que l’automatisation des processus devrait réduire les coûts opérationnels. Si ces paris technologiques et géographiques s’avèrent gagnants, Advans Congo pourrait réécrire les règles de la finance inclusive en Afrique centrale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
