Dans un contexte où les institutions académiques de la République Démocratique du Congo (RDC) font souvent face à des défis structurels, la Faculté de droit de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) offre un récit de résilience. Après deux mandats à la tête de cette institution, le professeur Jean Louis Esambo quitte ses fonctions en laissant derrière lui un héritage marqué par la transformation et l’unité. Mais comment un doyen a-t-il réussi à redonner crédibilité à une faculté autrefois en proie aux dysfonctionnements ?
Lors de son dernier conseil facultaire ce mardi 29 avril, Jean Louis Esambo a dressé un bilan sans complaisance de son parcours. Arrivé dans un contexte de crise, marqué par la pandémie de Covid-19 et un manque criant d’infrastructures, son leadership a permis de rétablir l’ordre académique. « Nous avons retrouvé une unité au sein du corps professoral et instauré une discipline dans l’organisation des cours », a-t-il souligné. Une avancée saluée par les étudiants, dont les délais de formation sont désormais alignés sur le calendrier universitaire.
Adolphe Ngoy, délégué facultaire, ne cache pas son admiration : « Le professeur Esambo a dirigé durant une période extrêmement complexe. Malgré les salles de cours insuffisantes et les restrictions sanitaires, il a maintenu le cap. Aujourd’hui, les étudiants obtiennent leurs diplômes dans des délais raisonnables. » Un constat partagé par de nombreux membres de la communauté universitaire, qui évoquent un « leadership exemplaire » ayant redynamisé l’institution.
Parmi les réalisations phares : la lutte contre les irrégularités dans l’octroi des diplômes. Esambo déplore toutefois des lacunes persistantes : « Certains candidats cherchent encore à contourner les règles pour obtenir leurs titres académiques. Nous avons hérité d’un système défaillant, sans référentiels clairs, et n’avons pu tout résorber. » Un aveu qui met en lumière les défis systémiques auxquels reste confrontée l’université congolaise.
Et demain ? Le départ d’Esambo ouvre la voie à de nouvelles priorités. La numérisation des processus académiques figure en tête de liste. « Il faut moderniser la gestion des données et des inscriptions pour limiter les fraudes », insiste l’ancien doyen. Un chantier crucial pour une faculté qui forme des centaines de juristes chaque année, dont certains occuperont des postes clés dans l’administration publique.
Si les étudiants saluent l’amélioration des conditions d’étude, certains enseignants appellent à une réflexion plus profonde. « La stabilité administrative est une chose, mais qu’en est-il de la qualité pédagogique ? », interroge un professeur sous couvert d’anonymat. Une question qui rappelle que la réforme d’une institution ne se limite pas à son organisation matérielle.
Le cas de la Faculté de droit de l’UNIKIN illustre ainsi les espoirs et les limites des réformes académiques en RDC. Alors que le pays cherche à renforcer son système éducatif, le successeur d’Esambo héritera d’une base solide… mais devra composer avec des attentes grandissantes. Entre modernisation numérique et lutte contre la corruption académique, la route reste longue. Et si cette transition devenait un modèle pour d’autres universités congolaises ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net