Une opération d’évacuation humanitaire d’envergure a marqué cette semaine la région troublée du Nord-Kivu. Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont confirmé, mercredi, le transfert de leurs éléments désarmés, ainsi que de policiers et de leurs familles, protégés depuis trois mois par la MONUSCO à Goma. Cette initiative, saluée comme « une avancée critique » par les autorités militaires, intervient dans un contexte sécuritaire volatile où chaque mouvement stratégique est scruté.
Selon une déclaration officielle des FARDC, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a joué un rôle « déterminant » en tant que facilitateur neutre. Les termes employés par l’armée congolaise ne laissent place à aucune ambiguïté : sans l’intervention du CICR, cette opération à haut risque n’aurait pu être menée à bien. Mais comment cette coordination inédite entre acteurs locaux et internationaux a-t-elle été orchestrée dans une zone minée par les tensions ?
La Mission des Nations unies (MONUSCO) est également mise en avant pour sa protection « ininterrompue » malgré des conditions opérationnelles décrites comme « extrêmement difficiles ». Plus de trois mois de sécurisation des installations ont permis d’éviter le pire, selon des sources militaires. Pourtant, une question persiste : quelle suite sera donnée à ces centaines de personnes une fois transférées à Kinshasa ?
Le gouvernement congolais, à l’origine de la requête officielle pour cette évacuation, assure que les personnes concernées seront « prises en charge conformément aux normes humanitaires ». Le CICR a déjà entamé, depuis mardi, le processus de transfert vers la capitale. Des centaines d’individus quittent ainsi Goma sous escorte, marquant la fin d’un chapitre critique mais ouvrant celui des défis de réinsertion.
Les FARDC insistent sur le respect « strict » des Conventions de Genève et du droit international humanitaire durant ces opérations. Un rappel nécessaire dans une province où les violations des droits humains font régulièrement la une. L’armée congolaise exprime néanmoins une « profonde gratitude » envers tous les acteurs impliqués, tout en appelant à la vigilance pour les phases à venir.
Cette évacuation soulève des espoirs, mais aussi des interrogations. Si les autorités saluent une collaboration réussie entre Kinshasa, l’ONU et le CICR, certains observateurs pointent l’urgence de solutions durables. Le Nord-Kivu peut-il réellement stabiliser ses forces de sécurité sans un désarmement complet des groupes armés ? La réponse à cette question déterminera l’avenir sécuritaire de toute la région.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
