Une opération d’envergure a été lancée ce mercredi pour transférer vers Kinshasa plusieurs centaines de membres désarmés des Forces armées de la RDC (FARDC) et de la Police nationale congolaise (PNC), ainsi que leurs familles. Ces derniers étaient réfugiés dans les installations de la MONUSCO à Goma depuis la fin du mois de janvier, suite à la prise de contrôle de la ville par le mouvement rebelle M23.
Le processus, supervisé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en tant qu’intermédiaire neutre, a bénéficié du soutien logistique crucial de la Mission des Nations unies. Selon les règles onusiennes, les militaires et policiers concernés avaient été désarmés avant d’être placés sous protection internationale. « Le travail accompli par nos équipes sur le terrain témoigne de l’engagement de la MONUSCO à remplir son mandat, même dans les circonstances les plus critiques », a souligné Bruno Lemarquis, représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU en RDC.
Mais pourquoi ce transfert vers la capitale congolaise plutôt qu’un retour immédiat dans leurs unités d’origine ? Les Nations unies précisent que tous les individus évacués ont donné leur consentement écrit pour ce déplacement. À Kinshasa, ils seront pris en charge par les autorités nationales, bien que les détails de leur réinsertion restent flous. L’opération, qui s’étalera sur plusieurs jours, soulève des questions sur la capacité de l’État à gérer cette transition sécuritaire délicate.
Le rôle du CICR dans cette médiation a été qualifié de « déterminant » par les responsables onusiens. Cette collaboration inédite entre acteurs internationaux et locaux illustre la complexité des crises sécuritaires à l’Est de la RDC. M. Lemarquis a d’ailleurs appelé toutes les parties prenantes à « garantir le respect strict du droit international humanitaire » durant et après cette opération.
Cette évacuation marque-t-elle un tournant dans la gestion des conséquences humaines des offensives du M23 ? Alors que Goma reste sous tension malgré le retrait formel des rebelles, le sort des forces régulières congolaises démobilisées met en lumière les défis structurels des institutions sécuritaires nationales. Les observateurs s’interrogent sur l’impact à moyen terme de ce transfert massif sur l’équilibre des forces dans la région.
Enfin, cette opération interroge sur le rôle futur de la MONUSCO dans les mécanismes de protection des acteurs sécuritaires locaux. Alors que le processus de retrait progressif de la mission onusienne a été acté, sa capacité à jouer les médiateurs dans des crises similaires pourrait constituer un test décisif pour la stabilisation du pays.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
