Dans une décision qui pourrait bien secouer les échanges commerciaux entre la République Démocratique du Congo et l’Afrique de l’Est, le gouverneur militaire Somo Evariste a décrété l’interdiction de traversée pour les véhicules excédant 20 tonnes sur le pont Semuliki. Cette infrastructure stratégique, véritable colonne vertébrale des échanges sur la route nationale numéro 4 reliant le Nord-Kivu à l’Ouganda, se voit ainsi placée sous haute surveillance. Une mesure présentée comme temporaire, mais dont les répercussions économiques pourraient être durables.
Selon les autorités provinciales, cette décision fait suite à une expertise technique ayant révélé la fragilité actuelle de l’ouvrage. Les services compétents ont en effet jugé nécessaire de protéger cette infrastructure vitale pour la région, en attendant des travaux de réhabilitation. Les transporteurs concernés devront désormais procéder au déchargement de leurs marchandises dans les entrepôts douaniers de Kasindi, créant ainsi un nouveau maillon dans la chaîne logistique régionale. Seuls les véhicules transportant des produits pétroliers bénéficient d’une exemption, selon le communiqué officiel.
Le gouverneur Somo Evariste, dans une démonstration d’autorité caractéristique, a instruit les services compétents pour sanctionner sévèrement tout contrevenant à cette mesure. Une posture ferme qui soulève cependant des questions sur la capacité de mise en œuvre effective de cette décision dans une région où les contrôles administratifs peinent parfois à s’imposer. Le militaire provincial mise visiblement sur une réhabilitation « urgente » du pont, situé en plein cœur du parc national des Virunga, espace naturel sensible où les travaux d’infrastructure nécessitent des précautions particulières.
Cette décision intervient dans un contexte où les infrastructures routières en RDC font régulièrement parler d’elles, tant pour leur état que pour leur impact sur l’économie nationale. Le pont Semuliki, point névralgique des échanges transfrontaliers, cristallise ainsi les défis du développement des infrastructures en Afrique centrale. Alors que les autorités promettent des travaux urgents, les opérateurs économiques s’interrogent : cette mesure temporaire ne risque-t-elle pas de devenir permanente, comme tant d’autres dans l’histoire des infrastructures congolaises ? La réponse se trouve peut-être dans la capacité des autorités à concilier urgence sécuritaire et nécessité économique, un équilibre toujours délicat dans la région des Grands Lacs.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd