À Bunia, précisément dans la commune de Mbunya, une crise administrative mine le quotidien de milliers de familles. Depuis plusieurs mois, le bureau de l’état civil de cette municipalité fonctionne sans registre de naissance, laissant des enfants dépourvus d’un document primordial pour leur citoyenneté : leur acte de naissance.
La situation engendre frustration et désarroi chez de nombreux parents. Parmi eux, Marie Pissi, mère d’un nourrisson de huit mois, ne cache plus son exaspération. « Depuis que mon enfant avait deux mois, je passe régulièrement au bureau de l’état civil. Chaque fois, c’est la même réponse : ‘Nous n’avons pas encore de registres’. On en a marre ! » confie-t-elle, la voix empreinte d’une lassitude qui semble universelle parmi les femmes croisant son chemin au bureau de la commune.
Les conséquences sont multiples et profondes. Outre l’impossibilité pour ces enfants de voyager à l’étranger, un acte de naissance est également crucial pour bénéficier d’avantages sociaux, notamment pour les enfants de parents travaillant dans des ONG. Cette situation met en lumière un dysfonctionnement dont les victimes sont avant tout les enfants, privés de droits fondamentaux.
Le commissaire supérieur et bourgmestre de Mbunya, Jean-Marie Fwamba, reconnaît l’ampleur du problème. Il évoque le retard accumulé : « La commune enregistre entre trente et quarante déclarations de naissance par jour. Avec le stock accumulé, nous avons besoin de vingt à vingt-cinq registres pour servir toutes les demandes déjà enregistrées. Actuellement, on nous a remis un seul registre, insuffisant pour résoudre la crise. »
Ce dossier met en lumière un problème récurrent dans la gestion des services état-civils à travers le territoire congolais. À quoi bon une loi stipulant un délai de trois mois pour enregistrer une naissance, si les outils administratifs pour l’appliquer ne sont pas disponibles ?
Le silence prolongé de la division provinciale de l’intérieur à ce sujet ajoute une dose d’inquiétude quant à la priorité accordée à cette urgence. Tandis que Radio Okapi attend encore leur réaction, les parents et leurs enfants restent coincés dans une spirale d’attente et d’incertitude.
Ce problème local reflète un enjeu national lié à la bureaucratie et à l’inefficacité administrative en République Démocratique du Congo. Plus qu’une simple question de documents, c’est l’avenir et l’identité de milliers d’enfants qui sont en jeu.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net