Dans un contexte diplomatique tendu, la République Démocratique du Congo vient de franchir une étape cruciale en validant sa stratégie nationale de plaidoyer pour la reconnaissance des génocides. Pilotée par le ministre des Droits humains, Samuel Mbemba, cette feuille de route ambitionne de porter sur la scène internationale les crimes commis depuis plus de trente ans, attribués au Rwanda. La manœuvre, orchestrée depuis Kinshasa, témoigne d’une volonté politique affûtée, mais soulève également des questions sur ses ramifications géostratégiques. Le gouvernement congolais joue gros avec cette initiative, dont l’échec pourrait fragiliser durablement sa crédibilité sur la scène mondiale.
La genèse de cette stratégie nationale de plaidoyer pour la reconnaissance des génocides en RDC remonte à l’instruction du Président Félix Tshisekedi, donnée lors de la 53e réunion du Conseil des ministres en juillet 2025. En confiant au gouvernement le soin de préparer un document cadre, le chef de l’État a implicitement rehaussé la question des génocides au rang de priorité nationale. Aujourd’hui, l’aboutissement de ces travaux, après plusieurs semaines de concertation avec les experts du FONAREV et de la CIA-VAR, consacre un engagement sans précédent. Samuel Mbemba a tenu à préciser que ce dispositif permettra à la RDC de mener des actions tant au niveau national qu’international, visant à amener les communautés, les institutions et les États à reconnaître les atrocités perpétrées. Cette reconnaissance des génocides Congo devient ainsi un levier central de la politique étrangère congolaise.
Mais au-delà des déclarations de principe, quelle est la portée réelle de cette initiative ? Le ministre des Droits humains, Samuel Mbemba, place la barre très haut en espérant infléchir les positions de la communauté internationale. Patrick Fata, Directeur général du FONAREV, a souligné que cette stratégie répond à l’instruction du Chef de l’État et matérialise la volonté politique d’engager la communauté internationale à assumer ses responsabilités face aux crimes perpétrés sur le territoire congolais. Cependant, la diplomatie RDC-Rwanda, déjà exsangue, risque de s’envenimer davantage. En instrumentalisant la mémoire des victimes, Kinshasa cherche-t-il à forger un consensus mondial ou à durcir le front face à Kigali ?
Les implications politiques sont profondes. Cette stratégie nationale de plaidoyer génocides RDC s’apparente à un pari audacieux qui pourrait redéfinir les équilibres régionaux. La reconnaissance officielle des génocides impliquerait des conséquences juridiques et morales lourdes pour le Rwanda, mais aussi un repositionnement des partenaires internationaux souvent frileux face aux dossiers sensibles. Le FONAREV génocides se trouve au cœur de ce dispositif, avec la lourde tâche de coordonner les actions de plaidoyer. La question reste entière : la communauté internationale, face à des intérêts économiques et stratégiques divergents, acceptera-t-elle de suivre la ligne congolaise ?
En inscrivant cette question au cœur de l’agenda, la RDC espère non seulement obtenir une condamnation formelle, mais aussi renforcer sa position dans les arènes multilatérales. Cependant, les défis sont immenses. La réussite de cette diplomatie RDC Rwanda génocide dépendra de la capacité de Kinshasa à mobiliser des alliés au-delà de ses cercles traditionnels et à présenter des preuves irréfutables. Samuel Mbemba droits humains devra alors manœuvrer avec une finesse extrême pour éviter que cette initiative ne se transforme en simple vœu pieux, miné par les réalpolitik.
En définitive, la validation de ce document stratégique marque un tournant dans la manière dont la RDC entend défendre son histoire et ses droits. La reconnaissance des génocides commis au Congo n’est plus seulement une revendication morale ; elle devient un instrument de puissance diplomatique. Les prochains mois seront déterminants pour évaluer si ce plaidoyer se traduira par des avancées concrètes ou si, faute de soutien international, il restera lettre morte. Le gouvernement a mis en place les outils, mais la partie la plus difficile commence : celle de la persuasion et de l’action sur la scène mondiale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
