Imaginez-vous réveiller à l’aube, préparé pour une journée de travail, pour finalement passer plus de temps coincé dans votre véhicule, le front perlé de sueur, que devant votre bureau. C’est le calvaire quotidien de Jean K., habitant de Matadi. « Partir de la commune de Nzanza pour rejoindre le centre-ville, c’est un parcours du combattant de près de deux heures, parfois trois. On vit dans une cocotte-minute sur roues », témoigne-t-il, épuisé. À Matadi, chef-lieu du Kongo Central, la circulation est devenue un cauchemar urbain, transformant les artères de la ville en parking géants sous un soleil de plomb.
Ces embouteillages Matadi, qualifiés de monstres par les usagers, ne sont pas un simple désagrément. Ils constituent une véritable paralysie qui étouffe la ville et hypothèque le quotidien de ses habitants. La situation va bien au-delà d’un simple ralentissement ; c’est l’ensemble de la vie urbaine Matadi qui en est affectée. Les piétons eux-mêmes, censés être plus agiles, se frayent un chemin périlleux entre les voitures à l’arrêt et les vendeurs à la sauvette qui ont investi la chaussée.
D’où vient cette congestion infernale qui caractérise désormais le trafic Matadi ? Les causes sont multiples et s’entrechoquent dans un chaos organisé. Premièrement, l’activité frénétique du port de Matadi génère un flux incessant de camions poids lourds. Ces géants des routes, essentiels à l’économie, empruntent les mêmes voies que les véhicules légers, créant des goulots d’étranglement insurmontables aux heures de pointe. Deuxièmement, l’occupation anarchique de l’espace public aggrave le phénomène. Les étals des vendeurs empiètent sur les voies, réduisant drastiquement la largeur disponible, tandis que les taxis opèrent des arrêts intempestifs au gré des clients, bloquant la fluidité du trafic.
Enfin, et c’est peut-être le point nodal, l’insuffisance de la régulation routière laisse le champ libre à cette anarchie. L’absence d’agents en nombre suffisant et de stratégies de gestion du flux (feux, sens uniques optimisés, voies dédiées) transforme chaque intersection en un noeud gordien. Comment une ville portuaire majeure peut-elle fonctionner avec un système de circulation Kongo Central aussi défaillant ? La question est sur toutes les lèvres.
Les conséquences sur la population sont tangibles et usantes. Le stress est un passager clandestin dans chaque véhicule. « On part le matin avec une angoisse : vais-je arriver à l’heure ? Vais-je manquer la réunion importante ? », confie une enseignante. Les retards répétés aux emplois, et même aux lieux de culte le dimanche, deviennent la norme, érodant la productivité et le lien social. Sous une chaleur accablante, l’air conditionné devient un luxe pour beaucoup, et l’immobilisation prolongée dans cet environnement est une épreuve physique et mentale. Ces problèmes de transport RDC ne sont pas propres à Matadi, mais ils y prennent une acuité particulière due à la topographie et à la concentration d’activités.
Au-delà de l’inconfort immédiat, ces embouteillages révèlent des fractures plus profondes dans l’aménagement et la gouvernance de la cité. Ils sont le symptôme d’une urbanisation non maîtrisée, où la planification n’a pas suivi le rythme de la croissance économique et démographique. La qualité de vie s’en trouve dégradée, l’accès aux services entravé, et le droit fondamental à se déplacer librement bafoué. Que dit d’une société sa capacité à fluidifier la vie de ses citoyens ?
Face à ce défi, des mesures urgentes s’imposent. Les sources locales plaident pour une action concertée : un réaménagement des axes critiques, une régulation ferme de l’occupation de la voie publique, une meilleure coordination avec les acteurs du port pour étaler les mouvements de camions, et pourquoi pas, l’exploration de solutions de transport alternatif. La modernisation du trafic Matadi n’est pas une option, mais une nécessité pour libérer le potentiel de la ville et redonner à ses habitants le souffle qui leur manque, coincés qu’ils sont entre deux ralentissements. L’enjeu est de taille : il s’agit de redéfinir la vie urbaine Matadi pour qu’elle ne rime plus avec frustration et immobilisme, mais avec mobilité et sérénité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
