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Tensions mortelles à Kolwezi : Le malentendu autour de l’arrêté minier qui crispe le Lualaba

La tension palpable qui règne à Kolwezi, capitale du Lualaba, cristallise les défis structurels du secteur minier artisanal en République Démocratique du Congo. Les récents affrontements, ayant malheureusement causé la mort de deux personnes et fait plusieurs blessés, ne sont pas le fruit d’un hasard tragique, mais bien la conséquence d’un malentendu profond autour d’une mesure régulatrice. Cette grogne illustre le fragile équilibre entre la nécessaire formalisation d’une activité économique vitale et la survie immédiate de milliers de familles congolaises.

À l’origine de cette flambée de violence, un arrêté ministériel mines publié récemment et perçu, à tort, comme un coup d’arrêt porté à toute exploitation minière artisanale. L’intervention d’une commission dépêchée d’urgence par le ministère national des Mines le 29 décembre avait précisément pour objectif de désamorcer cette tension Kolwezi et d’apporter des éclaircissements cruciaux. Le message de Franck Fwamba, chef de cette délégation, est sans équivoque : « L’artisanat n’a pas été interdit, les coopératives n’ont pas été arrêtées. Que cela soit clair ». La mesure vise uniquement « certaines entités de traitement non conformes » dans la filière cupro-cobaltifère, et non les creuseurs artisanaux RDC eux-mêmes.

Mais comment une mesure ciblée a-t-elle pu générer une telle méprise aux conséquences aussi dramatiques ? L’analyse économique pointe un défaut crucial de communication et de pédagogie en amont. Le secteur artisanal, souvent qualifié d’« économie de survie », fonctionne sur des logiques informelles où toute annonce officielle est susceptible d’être interprétée comme une menace existentielle. Mutra Mutunda, président provincial du Réseau des négociants miniers du Congo (RENEMICO), avait pourtant alerté dès le 25 décembre sur les risques sociaux d’un « arrêt brutal des activités » affectant « des milliers de familles ». Ses craintes se sont matérialisées trois jours plus tard, révélant la fracture entre les décideurs de Kinshasa et la réalité du terrain dans le Lualaba mines.

L’enjeu dépasse la simple clarification réglementaire. Il touche au cœur du modèle de gouvernance des ressources minières du pays. Le gouvernement central réaffirme, par la voix de sa commission, sa « volonté de réformer le secteur conformément au Code minier ». Une reforme nécessaire pour assainir les circuits, lutter contre la fraude et capter une plus grande part de la valeur générée. Cependant, cette démarche technocratique se heurte à une réalité socio-économique implacable : l’artisanat minier constitue un filet de sécurité social pour des communautés entières, en l’absence d’alternatives économiques viables. La suspension, même partielle, d’entités de traitement crée un goulot d’étranglement immédiat dans la chaîne de valeur, privant les creuseurs de débouchés et donc de revenus.

Les conséquences économiques d’une telle tension Kolwezi sont multidimensionnelles. À court terme, c’est l’asphyxie financière pour des milliers de ménages, avec un risque accru de troubles sociaux et une montée de l’insécurité. À moyen terme, la défiance envers les autorités s’accroît, sapant les efforts de formalisation et poussant une partie de l’activité vers une clandestinité encore plus difficile à contrôler. Le climat des affaires dans la région s’en trouve dégradé, décourageant les investissements légaux et pérennes que le pays appelle de ses vœux.

La mission de la commission à Kolwezi, qui doit rencontrer « différentes parties du secteur minier », est donc un premier pas indispensable vers le dialogue. Mais elle ne saurait suffire. La situation appelle une approche holistique : accompagner la mise en conformité des entités de traitement, développer des circuits de commercialisation transparents garantissant un prix juste aux artisans, et, surtout, investir dans la diversification économique des provinces minières pour réduire leur dépendance à cette activité précaire. L’exploitation minière artisanale peut-elle véritablement devenir un pilier de développement durable, ou restera-t-elle une variable d’ajustement sociale dans l’équation complexe de la rente minière congolaise ?

L’épisode de Kolwezi sert de signal d’alarme. Il démontre que la réforme du secteur minier artisanal ne peut être un simple exercice réglementaire descendre. Elle doit intégrer une dimension sociale profonde, être menée main dans la main avec les acteurs locaux, et proposer des transitions économiques réalistes. L’apaisement des esprits passe par la crédibilité des actions qui suivront ces déclarations d’intention. La stabilité du Lualaba, et par extension d’une partie importante de l’économie congolaise, en dépend.

Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net

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Amissi G
Amissi G
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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