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Mbuji-Mayi : le stockage sauvage de matériaux menace les routes récemment modernisées

Une scène devenue malheureusement banale se répète aux abords des artères récemment refaites à Mbuji-Mayi. Des tas de sable, des amoncellements de moellons et des piles de parpaings empiètent sur la chaussée lisse, transformant des portions de route en dépôt sauvage. Cette pratique, qui semble anodine aux yeux de certains riverains, alerte sévèrement l’Office des voiries et drainages (OVD), gardien de ces infrastructures chèrement acquises. Comment des travaux de modernisation tant attendus peuvent-ils être si rapidement mis en péril par les habitudes du quotidien ?

Dans un message officiel publié sur les réseaux sociaux, l’OVD a exprimé une inquiétude palpable face à ce phénomène de stockage de matériaux de construction sur les routes modernisées. L’institution rappelle avec insistance que la chaussée, fruit d’un assemblage technique de granulats et de bitume, a une vocation unique : supporter le trafic. « La route n’est pas une aire de stockage, temporaire ou permanente », martèle l’entreprise publique. Les conséquences de ces appropriations de l’espace public sont multiples et graves. Elles génèrent d’abord un risque accru d’accidents de la circulation à Mbuji-Mayi, en rétrécissant les voies et en créant des obstacles imprévisibles pour les automobilistes et les piétons.

Mais au-delà du danger immédiat, c’est la durabilité même de l’investissement qui est compromise. L’entreposage de lourds matériaux sur l’enrobé accélère sa dégradation. Le bitume, conçu pour être flexible sous le roulement des pneus, se fissure et s’affaisse sous le poids statique et pointu des blocs de construction. Cette dégradation des routes dans le Kasaï-Oriental représente un gaspillage inacceptable des fonds publics et condamne à terme les populations à revivre les mêmes tracas, sur des axes retombant en ruine prématurément. L’appel de l’OVD est donc un cri du cœur : préservez ces infrastructures pour qu’elles servent à tous, et sur le long terme.

Cependant, sur le terrain, la réalité est souvent plus complexe que le simple respect d’une consigne. Les réactions en ligne à la mise en garde de l’OVD l’ont bien montré. De nombreux habitants pointent du doigt un défaut de conception initiale. « Comment voulez-vous que les camions livrent directement dans les parcelles s’il n’y a ni rampe d’accès ni passerelle ? », interroge un internaute, résumant un sentiment partagé. La colère est palpable chez ceux qui estiment avoir été oubliés par les planificateurs. Un autre rappelle amèrement que les travaux de voirie sont finis depuis longtemps, mais que les aménagements promis pour faciliter l’accès aux habitations, eux, ne sont jamais sortis de terre. Le fossé se creuse ainsi entre la logique technique de préservation des voiries et les nécessités pratiques d’une population en plein développement immobilier.

Cette tension pose une question fondamentale de gouvernance urbaine. La modernisation d’une ville ne peut se limiter à la pose d’un revêtement. Elle doit s’accompagner d’une réflexion globale sur l’aménagement de l’espace, l’accessibilité des propriétés et l’éducation citoyenne. Sinon, le cercle vicieux est inévitable : on construit des routes pour désenclaver et développer, mais le manque de solutions alternatives pour les activités économiques de base (comme la construction) pousse les citoyens à les détériorer, annulant ainsi les bénéfices escomptés. Les riverains sont-ils les seuls responsables de cette situation, ou font-ils face à un problème d’urbanisme non résolu ?

La préservation du patrimoine routier à Mbuji-Mayi, et plus largement en RDC, est un enjeu collectif. Elle nécessite un dialogue constructif entre les autorités en charge des voiries et les populations. D’un côté, une sensibilisation accrue sur les impacts du stockage sauvage est indispensable. De l’autre, les pouvoirs publics doivent peut-être revoir leur copie et envisager, dans les futurs projets, des aménagements qui anticipent les besoins réels des citadins. Car une route n’est pas qu’une bande de bitume ; c’est l’artère vitale d’un quartier, dont la santé dépend de l’équilibre entre régulation et adaptation aux réalités du terrain. L’alerte de l’OVD est salutaire, mais elle doit être le point de départ d’une conversation plus large pour éviter que les efforts de modernisation ne partent littéralement en sable.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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