Un appel pressant a été lancé ce vendredi 26 décembre depuis Bunia, épicentre d’une crise sécuritaire qui ne cesse de s’aggraver dans l’est de la République Démocratique du Congo. L’organisation non gouvernementale Justice-Plus, fer de lance de la défense des droits humains en Ituri, a publié un communiqué cinglant demandant instamment à la rébellion de la Convention pour la Révolution Populaire (CRP) de mettre un terme immédiat aux hostilités. La structure exhorte les miliciens à rejoindre sans délai le Programme de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS), seule voie crédible vers une paix durable dans une région meurtrie.
Le territoire de Djugu, théâtre de violences récurrentes, est une nouvelle fois au cœur des préoccupations. Justice-Plus estime, dans son analyse, qu’une cessation des combats est la condition sine qua non pour éviter un nouveau bain de sang. Combien de vies civiles devront encore être sacrifiées sur l’autel d’un conflit sans fin ? Les affrontements armés persistants entre les Forces Armées de la RDC (FARDC) et les éléments de la CRP plongent des communautés entières dans la terreur et le désarroi. Cette escalade de la violence compromet gravement les fragiles efforts de stabilisation entrepris dans la province.
L’ONG a tiré la sonnette d’alarme sur des allégations extrêmement graves portant sur la zone de Bule, en territoire de Djugu. Les rapports font état de violations flagrantes du droit international humanitaire, jetant une lumière crue sur les méthodes de combat employées. Le fait le plus condamnable pointé du doigt est l’implication directe et forcée des femmes et des enfants dans le conflit. Selon Justice-Plus, la rébellion CRP les utiliserait comme boucliers humains, les exposant délibérément aux tirs croisés des belligérants. Cette pratique, qualifiée de « particulièrement préoccupante », constitue un crime de guerre et illustre la brutalisation d’un conflit qui ne connaît plus de limites.
Le cynisme atteint des sommets avec la réquisition des sites de déplacés internes. Ces lieux censés offrir un havre de paix aux populations fuyant les combats sont détournés de leur vocation humanitaire. L’ONG dénonce avec véhémence leur utilisation par les miliciens comme positions de repli stratégiques. Cette tactique expose délibérément des milliers de civils déjà vulnérables – privés de tout, vivant dans une précarité extrême – à de nouveaux et mortels dangers. Ils se retrouvent pris en étau, cibles potentielles des opérations militaires visant à déloger les insurgés. Où ces populations pourront-elles trouver refuge si les sanctuaires humanitaires deviennent des champs de bataille ?
Face à cette situation catastrophique, la condamnation de Justice-Plus est sans équivoque. L’organisation fustige les meurtres de civils, le recrutement forcé, et toutes les exactions qui bafouent les Conventions de Genève. Son communiqué rappelle avec force un principe intangible : les opérations militaires doivent impérativement opérer une distinction claire entre combattants et populations civiles. Ce principe de distinction est la pierre angulaire du droit de la guerre, et son ignorance volontaire conduit inéluctablement à des tragédies humanitaires.
Au-delà de l’appel aux groupes armés, l’ONG interpelle également les autorités. Elle enjoint les responsables politico-administratifs et les commandements des FARDC à conduire leurs opérations avec un professionnalisme exemplaire et dans le strict respect des normes internationales. La lutte contre l’insurrection, aussi légitime soit-elle, ne saurait justifier des méthodes qui victimiseraient davantage les Congolais qu’elles sont censées protéger. La crédibilité du processus de paix et la confiance des populations en dépendent.
L’appel vibrant à rejoindre le processus P-DDRCS sonne comme une ultime chance pour la rébellion CRP. Ce programme représente l’unique cadre structuré permettant une sortie de la violence, une réinsertion sociale et une contribution à la paix. La balle est désormais dans le camp des miliciens. Accepteront-ils de tourner la page de la violence pour embrasser celle de la reconstruction, ou persisteront-ils dans une logique de destruction qui ne mène nulle part, sinon à davantage de souffrances pour les populations de l’Ituri ? La réponse à cette question déterminera l’évolution du conflit dans les prochaines semaines.
La situation à Djugu, symptôme d’une instabilité chronique en Ituri, exige une réponse globale et coordonnée. La pression de la société civile, incarnée par Justice-Plus, est cruciale pour maintenir ces enjeux sous les projecteurs. Alors que le processus de paix P-DDRCS peine parfois à convaincre, sa relance et son succès face à des groupes comme la CRP sont un test décisif pour la stabilisation de toute la région. Les violations des droits humains documentées doivent conduire à des enquêtes et à une reddition des comptes, sans laquelle aucun cycle de violence ne pourra être brisé durablement en République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
