Une campagne sanitaire d’envergure vient d’être lancée en République Démocratique du Congo. Depuis le vendredi 26 décembre, plus de cinq millions de personnes vivant dans les seize zones de santé de la province de Lomami commencent à recevoir des moustiquaires imprégnées d’insecticide. Cette initiative vise ni plus ni moins qu’une couverture universelle pour chaque ménage, une barrière physique et chimique contre le paludisme, ce fléau qui demeure la première cause de décès et de maladie chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes dans la région.
Cette distribution de moustiquaires à Lomami est bien plus qu’une simple opération logistique. Il s’agit d’une stratégie de santé publique cruciale. Le paludisme, transmis par la piqûre d’un moustique femelle infecté, est une maladie évitable et traitable. Pourtant, en RDC, il tue des milliers de personnes chaque année. La lutte contre le paludisme au Congo passe impérativement par la prévention, et la moustiquaire imprégnée est l’outil le plus efficace et le moins coûteux dont on dispose actuellement. L’insecticide dont elle est enduite renforce sa protection en tuant ou en repoussant les moustiques avant même qu’ils n’aient pu pénétrer à l’intérieur.
Mais comment une telle campagne est-elle organisée pour toucher une population aussi large et dispersée ? L’opération est pilotée par un duo d’acteurs clés : la Division provinciale de la Santé de Lomami et le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP). Un comité provincial de coordination a été spécialement mis sur pied pour superviser toutes les étapes. La méthode choisie est celle du porte-à-porte, assurée par des relais communautaires. Ces agents de terrain, connus et reconnus dans leurs localités, sont chargés à la fois du recensement précis des habitants et de la distribution gratuite des moustiquaires, en suivant des plans d’action affichés dans chaque aire de santé.
Le principe de distribution est simple et équitable : un kit de deux moustiquaires pour un ménage de quatre personnes, soit une moustiquaire pour deux personnes. Les parents et chefs de ménage sont les principaux bénéficiaires et responsables de leur bonne utilisation. Le vice-gouverneur de la province, Célestin Kayembe, a personnellement appelé la population à accueillir favorablement les relais et, surtout, à utiliser systématiquement les moustiquaires reçues. « Dormir sous la moustiquaire n’est pas une option, c’est une nécessité vitale pour protéger sa famille », a-t-il insisté. Ce message est fondamental, car une moustiquaire rangée dans un placard est inutile. Son efficacité repose sur un usage correct et régulier, toutes les nuits, toute l’année.
Pourquoi une telle mobilisation autour d’un simple filet ? La réponse est dans les chiffres. Le paludisme représente un fardeau socio-économique immense pour la RDC. Il maintient les familles dans un cycle de pauvreté : frais médicaux, perte de jours de travail, absentéisme scolaire. Protéger les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, les plus vulnérables, c’est investir dans l’avenir du pays. Cette campagne de santé en RDC est donc un investissement à haut rendement en vies sauvées et en développement préservé.
Une opération de cette ampleur nécessite des moyens financiers considérables. Le ministère de la Santé publique a pu compter sur un soutien de poids, notamment celui du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. L’appui technique et opérationnel est apporté par des organisations comme SANRU (Soins de santé primaires en milieu rural) et la Cellule d’appui et de gestion financière (CAGF). Ce partenariat illustre l’engagement collectif nécessaire pour venir à bout de cette maladie.
Alors, quelle est la prochaine étape après la distribution ? Le véritable succès de cette campagne de distribution de moustiquaires se mesurera dans les mois à venir, à la baisse du nombre de cas de paludisme déclarés dans les centres de santé de la province de Lomami. L’enjeu est maintenant de faire de l’utilisation de la moustiquaire une habitude ancrée dans le quotidien de chaque famille. Les relais communautaires et les agents de santé auront également un rôle de suivi et de sensibilisation continue à jouer.
En conclusion, cette distribution massive en province de Lomami est une lueur d’espoir dans la lutte contre le paludisme. Elle démontre que lorsque la volonté politique, les ressources financières et les stratégies communautaires se conjuguent, des progrès tangibles sont possibles. Pour les populations de Lomami, recevoir une moustiquaire, c’est recevoir un outil de protection directe pour leurs enfants et un moyen concret de reprendre le contrôle sur leur santé. L’objectif est clair : faire reculer le paludisme, nuit après nuit, sous chaque moustiquaire utilisée.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
