Une opération d’envergure menée par les services de la police à Lubumbashi a abouti à des révélations troublantes. Vendredi, le groupe de recherche et d’investigation criminelle a présenté publiquement une trentaine de présumés criminels et délinquants au commissaire provincial de la police du Haut-Katanga. Cette présentation, loin d’être une formalité de routine, a mis en lumière la complexité de l’insécurité dans la capitale du cuivre.
Parmi les individus présentés aux autorités, la présence de trois éléments de la police nationale a immédiatement attiré l’attention. Ces agents, assignés à la protection de l’enfant et aux violences sexuelles, sont désormais poursuivis pour des actes qui contredisent leur mission. Ils sont formellement accusés de tracasserie, d’extorsion et surtout d’arrestations arbitraires. Leur méthode ? Interpeller des citoyens dans l’intimité de chambres d’hôtel, et ce, sans document officiel ni mandat d’arrêt. Comment de tels agissements ont-ils pu se produire au sein de l’institution chargée de faire respecter la loi ?
L’opération de la police de Lubumbashi a également permis la neutralisation d’un groupe de bandits de grand chemin dirigé par un individu répondant au nom d’Idriss Mutombo Kalambay, alias Damso Moda. Ce réseau criminel, selon les investigations, aurait sévi à plusieurs reprises, semant la terreur dans plusieurs villes du Haut-Katanga. Leurs méthodes étaient brutales : cambriolages de maisons d’habitation, vols à main armée. À leur arrestation, ils étaient en possession d’un revolver de fabrication artisanale et de plusieurs munitions de guerre, démontrant un niveau d’armement préoccupant.
Fait inquiétant révélé par les enquêteurs, ces mêmes individus avaient déjà été interpellés par le passé, avant d’être systématiquement relâchés. Ce cycle d’arrestations et de libérations pose une sérieuse question sur l’efficacité du système judiciaire à briser les réseaux criminels organisés. La police du Haut-Katanga semble cette fois déterminée à en finir avec cette impunité récurrente.
Outre les criminels endurcis, les filets de l’enquête ont ramené un groupe de jeunes délinquants interpellés en plein centre-ville de Lubumbashi le jour de Noël. Leur activité ? Dépouiller les paisibles citoyens de leurs objets de valeur et de leur argent en profitant de l’effervescence des fêtes. Cette arrestation illustre le visage polymorphe de la délinquance contre laquelle les forces de l’ordre doivent lutter quotidiennement.
L’opération a aussi donné lieu à une saisie impressionnante de produits prohibés. Les agents ont mis la main sur plus de six cents cartons d’alcools à fort degré, dont la vente et la consommation sont interdites. Cette quantité colossale suggère l’existence d’un trafic organisé, drainant des produits dangereux pour la santé publique et privant l’État de recettes fiscales. La saisie d’alcool prohibé constitue un volet souvent sous-estimé dans la lutte pour la sécurité et l’ordre public.
Le major Esperanto Bin Mwamba, porte-parole de la police provincial, a été catégorique quant au sort réservé à tous ces présumés criminels. Dans une déclaration ferme, il a annoncé que tous les individus présentés seront déférés devant les tribunaux compétents. Une procédure spécifique sera appliquée aux éléments des forces de l’ordre impliqués. « S’il s’agit des militaires ou policiers, ils sont déférés devant la justice militaire », a-t-il précisé, soulignant ainsi qu’aucune immunité de fonction ne sera tolérée.
Cette vague d’arrestations à Lubumbashi, mêlant criminels traditionnels, trafiquants et policiers véreux, offre un instantané brutal des défis sécuritaires. Elle démontre la nécessité d’une approche multidimensionnelle qui combat à la fois la délinquance de rue, le banditisme organisé et les dérives au sein des institutions. Les prochains jours, marqués par les procédures judiciaires, révèleront si cette opération marque un tournant décisif ou simplement un épisode de plus dans un combat de longue haleine. La population du Haut-Katanga, souvent victime de ces violences, attend désormais des actes concrets de la justice.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
