27.2 C
Kinshasa
samedi, décembre 27, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéSociétéPénurie d'eau à Kiyungi Ngoy : le calvaire des habitants du Maniema

Pénurie d’eau à Kiyungi Ngoy : le calvaire des habitants du Maniema

« Je suis venue depuis 5 heures, maintenant nous sommes 14 heures, je n’ai pas encore trouvé de l’eau potable. » La voix de cette adolescente, rencontrée au point d’eau de Pongo, est empreinte d’une lassitude qui en dit long sur le drame silencieux qui se joue à Kiyungi Ngoy. Dans ce coin reculé du territoire de Kibombo, au cœur du Maniema, la pénurie d’eau potable n’est plus une simple difficulté saisonnière, mais une crise aiguë qui défie le quotidien et met à l’épreuve la résilience de toute une communauté.

Depuis plusieurs semaines, le scène se répète, implacable. Dès l’aube, des files d’attente interminables se forment autour des rares puits encore en service. Des femmes, des jeunes filles, parfois des enfants, bidons et seaux à la main, espèrent remplir leur précieux contenant. Parfois, après des heures d’attente sous un soleil de plomb, ils repartent les mains vides. Comment une telle situation a-t-elle pu s’installer dans cette localité pourtant dotée de plusieurs sources ? La réponse est accablante : les trois sources qui approvisionnaient Kiyungi Ngoy – Pongo, Kiolo et Kamulima Mbili – sont aujourd’hui presque sèches. Le débit, autrefois régulier, s’est réduit à un mince filet, incapable d’étancher la soif de toute une population.

L’impact de cette crise de l’eau en RDC, dont Kiyungi Ngoy est un épisode tragique, dépasse largement la simple corvée. C’est toute l’organisation sociale qui en est bouleversée. Les jeunes filles, traditionnellement chargées de la corvée d’eau, sacrifient leur scolarité pour des heures de marche et d’attente vaines. Le temps perdu à chercher de l’eau est du temps volé à l’éducation, aux activités génératrices de revenus, au repos. Les risques sanitaires, eux, guettent en silence. L’utilisation d’eau de mauvaise qualité ou le rationnement extrême favorisent la propagation de maladies hydriques, dans une région où les structures de santé sont souvent éloignées et sous-équipées.

Face à cette détresse, l’appel des habitants résonne dans le vide. Ils en appellent aux autorités locales et provinciales, mais aussi aux « gens de bonne volonté » et aux organisations non gouvernementales. Leur demande est simple et urgente : aménager et sécuriser les sources existantes. Pourquoi une telle urgence n’est-elle pas prise en compte ? La pénurie d’eau potable à Kiyungi Ngoy n’est-elle que le symptôme d’un désintérêt plus large pour les zones rurales du Maniema ? La situation met en lumière les profondes inégalités d’accès à l’eau au Maniema, où la proximité avec des ressources naturelles ne garantit en rien leur disponibilité ou leur potabilité.

Cette crise locale s’inscrit dans un contexte national préoccupant. La République Démocratique du Congo, pourtant dotée d’immenses ressources hydriques, voit régulièrement des poches de son territoire sombrer dans la pénurie. Les causes sont multiples : changements climatiques affectant les pluviométries, déforestation modifiant les cycles de l’eau, mais surtout un manque criant d’investissement dans les infrastructures de base. À Kibombo, Maniema, comme ailleurs, l’eau potable reste un privilège incertain, soumis aux aléas de la nature et à l’inefficacité des services publics.

Que faire alors ? L’aménagement des sources d’eau sèches ou tarissantes nécessite une intervention technique – captage, protection des périmètres, construction de petits réservoirs – mais surtout une volonté politique. Les communautés, comme celle de Kiyungi Ngoy, sont souvent prêtes à participer aux travaux, mais elles ont besoin d’un cadre, d’un soutien et d’un savoir-faire. L’inaction, dans ce cas, n’est pas une option. Elle condamne des milliers de personnes à une précarité hydrique intolérable au 21e siècle.

Le calvaire des habitants de Kiyungi Ngoy pose une question fondamentale : jusqu’à quand l’accès à l’eau, droit humain essentiel, restera-t-il un parcours du combattant pour les Congolais des zones rurales ? Leurs bidons vides sont un symbole poignant des défis de développement qui persistent. L’urgence n’est pas seulement de faire couler à nouveau l’eau des sources de Pongo ou de Kiolo, mais de garantir, partout sur le territoire national, que personne ne doive sacrifier sa journée, sa santé ou son avenir pour un verre d’eau potable. La résolution de cette crise de l’eau à l’échelle locale serait un premier pas vers la reconnaissance de cette dignité fondamentale.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

Commenter
Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Résumé de l'actualité quotidienne

Le Brief du Jour du 27 Décembre 2025

Affrontements meurtriers en Ituri, crise humanitaire à Bule, opération majeure contre le M23 sur le Tanganyika, explosion de grenade à Walikale, drame de l’érosion à Kananga, Matadi sous mesures de sécurité pour les fêtes et la tension monte avant le choc RDC-Sénégal en CAN 2025. Toute l’actualité clé du 27 décembre 2025 dans Le Brief du Jour.

Derniers Appels D'offres

Derniers Guides Pratiques