« Je suis venue depuis 5 heures du matin, maintenant nous sommes 14 heures, je n’ai pas encore trouvé de l’eau potable. Ici chez nous à Kiyungi, nous souffrons beaucoup. » Le visage fermé, un bidon vide à la main, cette jeune fille résume le calvaire quotidien de milliers d’habitants de Kiyungi Ngoy, une localité du territoire de Kibombo, en plein cœur du Maniema. Depuis plusieurs semaines, une pénurie d’eau potable dramatique paralyse la communauté, transformant la quête de l’or bleu en une épuisante bataille de survie.
Chaque aube, le même spectacle désolant se répète autour des rares puits encore fonctionnels. Des files interminables de femmes et de jeunes filles, parfois accompagnées d’enfants, patientent des heures durant sous un soleil de plomb. Le précieux liquide se fait rare, si rare que certains retournent chez eux les mains vides après une journée entière perdue. Comment une famille peut-elle vivre dignement sans accès à l’eau potable ? Cette question hante chaque foyer de Kiyungi Ngoy, située à plus de 20 kilomètres de la commune rurale de Kibombo, et semble laissée pour compte.
La localité dépendait jusqu’alors de trois sources naturelles : Pongo, Kiolo et Kamulima Mbili. Aujourd’hui, ces veines vitales de la communauté sont presque à sec. La sécheresse au Maniema, phénomène récurrent qui s’aggrave, a eu raison de ces points d’eau. Cette crise de l’eau à Kibombo n’est pas qu’une simple contrainte logistique ; elle est un révélateur criant des inégalités d’accès aux ressources de base en République Démocratique du Congo. Les conséquences sont immédiates et multiples. L’hygiène devient un luxe, les risques de maladies hydriques comme le choléra augmentent dangereusement, et le temps précieux perdu à chercher de l’eau est volé à l’éducation pour les enfants, aux activités productives pour les adultes.
« Nous demandons aux autorités locales, provinciales, aux gens de bonne volonté, même aux ONG, d’intervenir rapidement », plaide la jeune fille rencontrée sur place. Son appel, porté par toute une population, résonne dans le vide d’une indifférence apparente. Où sont les plans d’urgence ? Où sont les investissements dans des infrastructures durables ? La situation à Kiyungi Ngoy n’est malheureusement pas un cas isolé. Elle symbolise le défi immense que représente l’approvisionnement en eau dans de nombreuses zones rurales de la RDC. Les solutions existent pourtant : forage de puits équipés, réhabilitation des sources, systèmes de collecte d’eau de pluie. Mais elles nécessitent une volonté politique et un engagement financier qui font souvent défaut.
Cette pénurie d’eau potable dans le Maniema pose une question fondamentale sur le droit à la vie et à la dignité. La soif de Kiyungi Ngoy est le symptôme d’un mal plus profond : la marginalisation de certaines communautés. Tant que l’accès à l’eau potable en RDC ne sera pas une priorité absolue et équitable, des scènes comme celles-ci se reproduiront. L’eau est source de vie, mais à Kiyungi Ngoy, son absence devient source de désespoir. L’urgence est là, tangible, dans chaque bidon vide et dans chaque regard las. La réponse des autorités et de la communauté humanitaire se fait attendre, tandis qu’une population entière assoiffée guette, impuissante, le retour des premières gouttes de pluie ou le geste salvateur d’une aide concrète.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
