« C’est un soulagement, surtout en cette période où tout est cher. Cela va aider beaucoup de familles », confie un étudiant de l’Université de Lubumbashi (UNILU), les bras chargés d’un sac de farine de maïs. Vendredi, une atmosphère inhabituelle régnait sur les campus de Lubumbashi. Des camions du Service national déchargeaient des milliers de sacs, une image forte d’une action sociale présidentielle destinée à soutenir les étudiants du Haut-Katanga en cette fin d’année. Au total, ce sont 16 000 sacs qui ont été remis, dont 13 000 à l’UNILU et 3000 à l’Institut supérieur pédagogique (ISP).
Derrière ce geste, une instruction directe du Président de la République, selon les déclarations du lieutenant général Jean-Pierre Kasongo Kabwik, commandant du Service national Lubumbashi. Mais la véritable histoire, celle qu’on raconte moins, se niche dans l’origine de cette farine. Elle ne vient pas d’un importateur, mais de la ferme du Service national située dans l’arrière-pays du Grand Katanga. Et ses producteurs ? D’anciens « Kuluna », ces jeunes autrefois étiquetés comme bandits urbains, aujourd’hui présentés comme des bâtisseurs. « Ces jeunes qu’on appelait autrefois ‘vagabond’ ce sont eux qui ont produit », a lancé le général Kabwik, défiant les préjugés. Son message est clair : cette donation farine maïs étudiants est autant un soutien alimentaire qu’un symbole de rédemption nationale.
La réaction des bénéficiaires est sans ambiguïté. « Nous exprimons notre profonde gratitude à notre armée, au Service national dans lesquels œuvrent des jeunes patriotes dévoués à leurs compatriotes », a témoigné l’un d’eux. Le geste est perçu comme une bouffée d’oxygène dans un contexte économique difficile, où la précarité étudiante est une réalité quotidienne. Mais au-delà de l’aide immédiate, cette distribution massive interroge. S’agit-il d’un coup d’éclat ponctuel ou de l’amorce d’une politique publique durable de soutien alimentaire Haut-Katanga ? Le Service national promet que cette dotation va s’étendre à d’autres universités du pays et annonce même l’ouverture prochaine de cantines étudiantes à l’échelle nationale. Des promesses ambitieuses qui devront être suivies des faits.
Cette scène à Lubumbashi ouvre ainsi un débat bien plus large. Elle met en lumière le rôle complexe du Service national, entre formation militaire, production agricole et action sociale présidentielle RDC. Elle pose aussi une question cruciale : comment transformer une jeunesse parfois marginalisée en un véritable vecteur de développement ? La valorisation du travail de ces ex-« Kuluna » est un récit puissant, mais il ne doit pas occulter les défis immenses de la réinsertion et de la création d’emplois stables pour tous. Le lieutenant général en est convaincu : « Tant que cette jeunesse aura de l’énergie à donner à la République, nous irons toujours de l’avant. »
Alors que les sacs de farine quittent les campus, l’enjeu persiste. Ce soutien alimentaire Haut-Katanga est-il la preuve d’un État qui se soucie enfin du quotidien de sa jeunesse estudiantine, ou un simple geste de circonstance dans le paysage politique congolais ? La réponse se construira dans la durée, dans la capacité à pérenniser ces initiatives et à les inscrire dans une stratégie cohérente de lutte contre la précarité et d’investissement dans le capital humain. Pour l’heure, à Lubumbashi, des milliers d’étudiants des filières de l’UNILU ISP rentrent chez eux avec une denrée de base, un répit tangible dans un pays où la sécurité alimentaire reste un combat de chaque jour.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
