27.2 C
Kinshasa
vendredi, décembre 26, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéPolitiqueRDC : Kalonda et Katumbi relancent l'impératif d'un dialogue national inclusif

RDC : Kalonda et Katumbi relancent l’impératif d’un dialogue national inclusif

Dans un contexte politique congolais marqué par des tensions persistantes, l’appel à l’unité nationale lancé par le sénateur Salomon Idi Kalonda résonne comme un diagnostic sévère de l’état de la nation. Sur la plateforme X, l’élu a posé une question aussi simple que brutale : si les Congolais peuvent s’unir derrière les Léopards, pourquoi cette fédération des énergies serait-elle impossible face aux défis structurels du pays ? Cette interrogation, teintée d’une ironie mordante, pointe du doigt une schizophrénie nationale où la passion sportive transcende les clivages, tandis que la gestion de la chose publique reste un champ de bataille.

Cette prise de parole n’est pas un acte isolé. Elle intervient en réaction directe aux déclarations de Moïse Katumbi, président d’Ensemble pour la République, à l’occasion du sixième anniversaire de son parti. Le leader de l’opposition a, lui aussi, mis en avant l’impératif du dialogue, proposant une feuille de route précise. Sa « voie crédible » ? Un dialogue inclusif associant gouvernement, opposition politique non armée, groupes armés comme le M23, et la société civile, le tout sous la médiation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et du Conseil des Églises du Congo (ECC). Cette proposition, aussi ambitieuse que complexe, dessine les contours d’une possible sortie de crise, mais elle soulève immédiatement des questions sur sa faisabilité politique. Katumbi joue-t-il le rôle de rassembleur ou positionne-t-il son parti, Ensemble pour la République, comme l’architecte incontournable d’une future transition ?

L’analyse de ces prises de position successives révèle une stratégie politique concertée ou, à tout le moins, une convergence d’intérêts. D’un côté, Salomon Idi Kalonda, figure influente, prépare le terrain en appelant à dépasser les individualismes. De l’autre, Moïse Katumbi capitalise sur cet élan pour présenter une solution institutionnelle concrète. L’annonce concomitante de la mise en place d’un « directoire national » et d’un appel à la mobilisation pacifique pour la liberté et la démocratie n’est pas anodine. Elle semble scénariser une entrée en résistance politique structurée, cherchant à incarner une alternative crédible face à un pouvoir exécutif souvent perçu comme fragilisé.

Mais au-delà des stratégies de communication, le fond du problème demeure. Le dialogue politique en RDC est-il encore un outil de gouvernance ou est-il devenu un mantra vidé de sa substance, invoqué à chaque impasse ? La référence à la médiation de la CENCO-ECC, acteurs historiques des accords politiques, est un signal fort. Elle suggère une défiance envers les cadres purement étatiques et une recherche de légitimité morale et sociale. Cependant, la condition sine qua non posée par Katumbi – l’inclusion de l’opposition « non armée » et des groupes comme le M23 dans la même phrase – est un champ politique miné. Comment engager un dialogue serein avec des acteurs dont la légitimité et les méthodes sont contestées, sans légitimer la violence comme mode d’expression politique ?

La manœuvre de Katumbi et l’écho trouvé auprès de personnalités comme Kalonda indiquent une volonté de reconfigurer l’espace politique. En plaçant la barre très haut avec un dialogue « inclusif » sous égide ecclésiastique, ils placent le régime actuel face à ses contradictions. Accepter ce cadre, c’est reconnaître la gravité de la crise et partager l’initiative. Le refuser, c’est s’exposer à l’accusation d’obstruction et de confiscation du débat national. Le président Félix Tshisekedi se retrouve ainsi dans une position délicate, contraint de réagir à une proposition qui, sur le papier, semble irréprochable.

En définitive, ces appels croisés à l’unité et au dialogue dépassent le simple vœu pieux. Ils constituent une offensive politique calculée. Ils révèlent les fractures d’un pays à la recherche d’un consensus minimal pour fonctionner et mettent en lumière les luttes d’influence pour capter l’énergie de ce désir d’unité. Les prochaines semaines seront cruciales pour observer si cet élan se mue en une dynamique concrète ou s’il se dissout, comme tant d’autres, dans les sables mouvants de la realpolitik congolaise. L’initiative lancée par Ensemble pour la République et relayée par ses soutiens parviendra-t-elle à créer une onde de choc suffisante pour imposer une nouvelle table de discussion ? La balle est désormais dans le camp des institutions, dont la réponse – ou l’absence de réponse – dessinera le visage du dialogue politique en RDC pour les mois à venir.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

Commenter
Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Résumé de l'actualité quotidienne

Le Brief du Jour du 26 Décembre 2025

L’actualité du 26 décembre 2025 en RDC est marquée par un record de 5 millions d’élèves supplémentaires grâce à la modernisation de l’école, l’appel à l’unité face aux défis sécuritaires en Ituri, un Noël contrasté pour les Kinois et déplacés de Bunia, la ferveur de Beni pour la paix, et une tension sportive maximale en vue du duel RDC-Sénégal à la CAN, sous le signe du leadership des Léopards.

Derniers Appels D'offres

Derniers Guides Pratiques