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Maniema : Le gouverneur Moussa nie tout détournement dans une crise politique explosive

La province du Maniema, habituée aux soubresauts politiques, traverse une nouvelle crise de gouvernance dont l’épicentre est une accusation de détournement de fonds de rétrocession. Le gouverneur Moïse Moussa, face à la tempête, a choisi la stratégie de l’offensive médiatique. Lors d’une conférence de presse tenue à Kindu, il a catégoriquement démenti les allégations, les qualifiant de machination destinée à entacher sa réputation. Ce déni public, s’il vise à rassurer l’opinion, ne fait qu’attiser les questionnements sur la gestion des deniers publics dans une province aux ressources limitées.

À l’origine de cette polémique, une correspondance du vice-gouverneur déchu, Corneille Katisamba. Ce dernier accuse son ancien supérieur d’avoir détourné plusieurs mois de rétrocessions financières allouées par le pouvoir central. Dans le microcosme politique du Maniema, cette attaque n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans le sillage d’une crise gouvernementale ouverte par une motion d’interpellation, puis de déchéance, visant Katisamba lui-même pour son incapacité à présenter l’édit budgétaire 2026. La contre-attaque du vice-gouverneur évincé ressemble ainsi à une manœuvre de diversion ou à un règlement de comptes dont la population pourrait faire les frais.

Le cœur de la défense de Moïse Moussa repose sur une argumentation comptable précise. Selon ses déclarations, l’État n’a effectué que deux rétrocessions depuis le début de l’année, couvrant uniquement les mois de janvier et février. « Leur auteur n’a pas été capable de les prouver devant les députés provinciaux », a-t-il asséné, pointant du doigt l’absence de preuves tangibles. Il réfute ainsi l’allégation centrale d’un détournement portant sur dix mois de fonds, arguant que le Trésor public est loin d’avoir honoré l’intégralité de ses engagements annuels. Cette précision technique, bien que cruciale, soulève une autre interrogation : le gouverneur du Maniema peut-il gouverner efficacement avec des transferts aussi erratiques de la part de Kinshasa ?

Les chiffres avancés par l’exécutif provincial sont édifiants. La Régie financière du Maniema ne mobiliserait actuellement qu’environ 53% des ressources nécessaires, soit une somme oscillant entre 30 000 et 35 000 dollars américains. Dans un contexte de besoins criants en infrastructures et services sociaux, cette relative pénurie de trésorerie dessine les contours d’une gouvernance en mode survie. L’accusation de corruption plane-t-elle sur une mauvaise gestion, ou cette dernière est-elle simplement le fruit d’un système financier national défaillant ? La réponse à cette question pourrait déterminer l’issue politique de cette affaire.

L’Assemblée provinciale, quant à elle, se retrouve dans une position délicate. Accusée par Corneille Katisamba de protéger un potentiel détourneur de fonds, l’institution législative voit sa crédibilité mise à l’épreuve. Son rôle de contre-pouvoir et de contrôle de l’action gouvernementale est directement questionné. Cette crise gouvernementale au Maniema révèle ainsi les failles d’un système où les vérifications institutionnelles peinent à s’imposer face aux luttes de factions et aux accusations personnelles. Les députés provinciaux sauront-ils mener une enquête impartiale, ou céderont-ils aux pressions politiques ?

Derrière les chiffres et les déclarations contradictoires, se joue une bataille pour le récit et la légitimité. La stratégie de Moïse Moussa, consistant à affronter publiquement les rumeurs, est classique : regagner l’initiative médiatique pour éviter que l’image ne se fige. Cependant, cette méthode comporte des risques. En absence d’une enquête judiciaire indépendante et transparente, les démentis resteront suspendus au doute. La population du Maniema, elle, attend des actes concrets et une traçabilité irréprochable des fonds qui lui sont destinés. Les accusations contre Moïse Moussa, qu’elles soient fondées ou non, ont le mérite de braquer les projecteurs sur les opacités de la gestion financière provinciale.

En définitive, cette affaire de prétendu détournement de fonds de rétrocession dépasse le simple fait divers politico-financier. Elle met en lumière les tensions structurelles entre le centre et la province, les lacunes du contrôle parlementaire local, et la fragilité de la confiance publique. Le gouverneur joue gros en misant sur un déni ferme. Si les preuves manquent à l’appel, il pourrait sortir renforcé de cette épreuve. Dans le cas contraire, ou si les doutes persistent, cette crise pourrait fragiliser durablement son autorité et ouvrir une période d’instabilité politique préjudiciable au développement du Maniema. Les prochains mois, et notamment la suite donnée à ces allégations par la justice et l’assemblée, seront déterminants pour l’avenir de la province.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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