À l’occasion des festivités de fin d’année, le gouverneur militaire de l’Ituri, le général Johnny Luboya N’kashama, a délivré un message de Noël aux populations de cette province en proie à l’insécurité. Dans ce discours, teinté à la fois d’optimisme et de réalisme, il a appelé à l’unité, au patriotisme et à un engagement collectif en faveur de la paix et du développement en Ituri. Ce message intervient dans un contexte où l’état de siège, instauré depuis maintenant plusieurs années, continue de façonner le quotidien des Ituriens. Le général Luboya joue gros avec cette communication, dont l’échec à convaincre pourrait fragiliser durablement la perception de son administration.
Le gouverneur militaire a dressé un bilan globalement positif des actions menées sous ce régime exceptionnel. Selon lui, des progrès significatifs ont été enregistrés dans la restauration de l’autorité de l’État. Cette affirmation est corroborée par son porte-parole, le lieutenant Jules Ngongo, qui a souligné que l’année écoulée, bien que semée d’embûches, a vu des avancées notables. “Des progrès significatifs ont été enregistrés durant cette période de l’état de siège dans la restauration de l’autorité de l’État”, a-t-il déclaré, ajoutant que ces avancées se traduisent par “le retour progressif et remarquable des populations civiles dans leurs milieux d’origine”. Cependant, derrière ce tableau optimiste, le gouverneur militaire Ituri n’a pas occulté les défis persistants. La sécurité en Ituri RDC reste précaire, et les crises humanitaires continuent de frapper une population éprouvée. Le message de Noël Johnny Luboya reconnaît explicitement ces obstacles, créant ainsi un discours équilibré, mais qui soulève des questions sur l’efficacité réelle de l’état de siège. Après tout, si des progrès sont indéniables, pourquoi la menace des groupes armés demeure-t-elle aussi prégnante ?
L’appel à l’unité et au patriotisme lancé par le gouverneur militaire semble être une réponse à ces défis. En exhortant les Ituriens à “revêtir le sens du patriotisme” et à s’unir autour de l’idéal de paix, Johnny Luboya place la balle dans le camp de la population. Mais cette rhétorique ne risque-t-elle pas de masquer les responsabilités des autorités ? L’état de siège, mesure extrême, devait apporter une solution rapide à l’insécurité. Or, force est de constater que la situation, bien qu’améliorée par endroits, reste volatile. Le lieutenant Jules Ngongo a mis en avant la résilience des forces de sécurité et la collaboration avec la population comme facteurs clés des succès engrangés. Il a également évoqué l’appui des institutions nationales. Cependant, on peut s’interroger sur la durabilité de ces progrès. Les projets socio-économiques mentionnés sont-ils suffisants pour ancrer une paix durable ? Le retour des populations est-il synonyme de sécurité réelle ou simplement d’un répit temporaire ?
Dans son message, Johnny Luboya a insisté sur la nécessité de construire un avenir meilleur pour les générations futures. “Poursuivons ensemble nos efforts pour bâtir un Ituri stable, prospère et résolument tourné vers un avenir meilleur”, a-t-il conclu. Cet appel à la persévérance est louable, mais il implique que la population continue de supporter le poids de l’état de siège. Jusqu’à quand ? La stratégie militaire semble avoir atteint ses limites, et le développement socio-économique promis tarde à se concrétiser pleinement. Alors que l’année 2026 commence, le gouverneur militaire de l’Ituri joue gros avec son discours d’union. Si l’état de siège a permis des avancées, son maintien prolongé pose question. La population, entre espoir et lassitude, est invitée à croire en un avenir radieux, mais les défis sécuritaires et humanitaires rappellent cruellement la fragilité de la situation. Le patriotisme invoqué par Johnny Luboya sera-t-il suffisant pour surmonter les obstacles qui persistent ? L’engagement collectif pour la paix développement Ituri nécessite plus que des mots ; il exige des actions concrètes et une vision claire pour sortir de l’impasse sécuritaire.
En définitive, le message de Noël du général Luboya est un exercice d’équilibre politique : reconnaître les progrès sans ignorer les difficultés, appeler à l’unité sans s’attarder sur les divisions, et promettre un avenir meilleur tout en maintenant un régime d’exception. L’état de siège en Ituri reste un outil controversé, et son bilan, tel que présenté, laisse entrevoir une lumière au bout du tunnel, mais un tunnel qui semble s’étirer indéfiniment. Les mois à venir diront si cette stratégie porte ses fruits ou si elle nécessite un réajustement profond. La crédibilité du gouverneur militaire Ituri en dépend, et avec elle, la stabilité de toute une région en quête de paix et développement.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
