33.2 C
Kinshasa
jeudi, décembre 25, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéPolitiqueCardinal Ambongo à Kinshasa : un ultimatum pour la paix face à...

Cardinal Ambongo à Kinshasa : un ultimatum pour la paix face à la « crise » qui mine la RDC

En cette nuit de Noël, traditionnellement symbole de paix et de réconciliation, l’archevêque de Kinshasa, le Cardinal Fridolin Ambongo, a délivré un message dont la portée politique dépasse largement le cadre strictement spirituel. Dans une homélie prononcée en la cathédrale Notre-Dame du Congo, le prélat a lancé un appel solennel, presque un ultimatum, aux forces vives de la nation. Sa voix, portée par l’autorité morale que lui confère sa fonction, s’est élevée pour stigmatiser les ténèbres qui enveloppent le pays et exhorter les dirigeants à un sursaut salvateur. Ce plaidoyer pour la paix en RDC, dans un contexte où les discours belliqueux et les calculs politiciens semblent souvent l’emporter, résonne comme un puissant rappel à l’ordre.

« Choisissez la paix. Cessez de faire la guerre. » Ces mots, simples dans leur formulation, sont d’une charge incalculable dans le paysage politique congolais actuel. Le Cardinal n’a pas prononcé un vœu pieux, mais un impératif catégorique. En qualifiant la situation nationale de « crise de la paix », il pose un diagnostic sans équivoque sur l’état de santé du corps social. Cette crise, faut-il le rappeler, ne se limite pas aux conflits armés qui ensanglantent l’Est du pays ; elle englobe aussi les violences politiques, les injustices sociales et les exclusions qui fracturent la société. L’appel du cardinal Ambongo pour la paix en RDC est donc un réquisitoire contre toutes les formes de violence, qu’elles soient physiques, verbales ou institutionnelles.

La force de son intervention réside dans sa capacité à lier l’espérance chrétienne à une exigence citoyenne. « Si nous sommes des hommes de foi, cette crise ne peut pas détourner notre espérance en un avenir meilleur », a-t-il déclaré, établissant ainsi une corrélation directe entre la croyance religieuse et l’action politique responsable. Ce propos est un subtil désaveu pour tous ceux qui instrumentalisent la foi tout en pratiquant la division. Le message est clair : la véritable foi se manifeste par un engagement concret pour la justice et l’unité. Dans un pays où les clivages ethniques et régionaux sont souvent attisés à des fins électoralistes, ce rappel à l’unité sonne comme une critique voilée des stratégies de certains acteurs.

Mais quel est l’écho réel d’un tel discours dans les arènes du pouvoir ? Le Cardinal Fridolin Ambongo, figure respectée et parfois crainte pour sa franchise, joue-t-il ici le rôle de prophète ou celui de dernier recours moral face à une classe politique à la dérive ? Son insistance à rejeter tout « discours de division ou d’exclusion » vise explicitement les rhétoriques toxiques qui empoisonnent le débat public. À quelques encablures d’échéances politiques toujours tendues en République Démocratique du Congo, cet avertissement prend une dimension stratégique. Il met en garde contre la tentation de construire des succès politiques sur le dos de la cohésion nationale.

La messe de Noël à Kinshasa s’est ainsi transformée en une tribune politique d’un genre particulier. Loin des invectives et des promesses creuses, le langage utilisé fut celui de la conviction morale et de l’appel au bien commun. Pourtant, derrière les paraboles évangéliques, se dessinait une analyse acérée des maux qui rongent le Congo. Le cardinal a-t-il été entendu ? Les « ténèbres de la violence » et « de l’injustice » qu’il dénonce ont-elles réellement perdu du terrain au lendemain de cette nuit supposée illuminer le monde ? L’histoire immédiate donne malheureusement peu de raisons d’être optimiste.

L’enjeu, désormais, est de savoir si cet appel pressant sera traduit en actes. La balle est dans le camp des « acteurs socio-économiques et politiques » interpellés. Vont-ils saisir cette perche tendue pour engager un dialogue sincère, ou préféreront-ils continuer à naviguer dans les eaux troubles des rivalités et des intérêts particuliers ? La crédibilité des institutions et l’avenir même de la nation se jouent dans cette capacité à privilégier la raison et l’unité sur les passions fractionnelles. Le discours du Cardinal Ambongo pose une base éthique incontournable ; à la classe politique maintenant d’en tirer les conséquences pratiques, sous le regard d’une population lasse des crises et assoiffée de stabilité.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

Commenter
Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Résumé de l'actualité quotidienne

Le Brief du Jour du 24 Décembre 2025

Entre alerte à la crise alimentaire au Sud-Kivu, pression politique autour du M23, sanctions inédites dans l’audiovisuel, et espoirs du football national, la RDC a vécu une journée à haute tension et forte intensité le 24 décembre 2025. Le point essentiel en trois minutes dans Le Brief du Jour.

Derniers Appels D'offres

Derniers Guides Pratiques