Qui se souvient encore du Sanga Balende qui faisait trembler les défenses africaines ? L’évocation du nom d’Alphonse Ngoy Kasanji, l’ancien président architecte, suffit à raviver la flamme d’une époque révolue, celle où les tuniques rouge et or brillaient sur le continent. Aujourd’hui, le constat est sans appel : le géant de Mbuji-Mayi dort, profondément. Le football congolais perd l’un de ses phares, et le déclin du club semble inéluctable.
Pendant neuf ans, Ngoy Kasanji, surnommé Ngokas, a bâti un empire. Sous sa présidence visionnaire, Sanga Balende s’est imposé comme une force incontournable, décrochant des qualifications prestigieuses pour les joutes de la CAF en 2014 et 2015. L’équipe incarnait l’ambition et le talent du football congolais, négociant d’égal à égal avec les grandes nations du ballon rond africain. Cette période faste reste gravée dans les mémoires comme l’âge d’or moderne du club.
Mais depuis le départ de son pilier, la chute a été vertigineuse. Comment un tel colosse a-t-il pu s’effondrer aussi brutalement ? Le déclin du club est une triste réalité : relégué dans les profondeurs du classement national, Sanga Balende n’est plus que l’ombre de lui-même. La saison en cours est un véritable calvaire, une illustration cruelle de la dégringolade. Les maillots sont ternis, les résultats absents, et les tribunes se vident peu à peu. Le rêve s’est transformé en cauchemar.
La crise qui frappe le club est l’une des plus sévères de la dernière décennie. Une litanie de problèmes s’abat sur les Anges et Saints : impayés généralisés aux joueurs et au staff, déguerpissements honteux des installations, et forfaits à répétition qui entachent l’image du football à Mbuji-Mayi. Le navire Sanga Balende prend l’eau de toutes parts, et l’équipage semble désemparé. Dans ce contexte de naufrage sportif et administratif, chaque match ressemble à une nouvelle blessure.
C’est face à cette débâcle qu’Alphonse Ngoy Kasanji a décidé de rompre un long silence. Depuis le Maroc, sa voix a porté, chargée d’une émotion palpable. « Ça fait très mal de voir cette équipe, a-t-il confié. Nous avions de grandes ambitions qui se sont arrêtées à cause de la politique. Je crois que le temps est toujours là pour mieux faire. » Ces mots, simples mais lourds de sens, résonnent comme un reproche et un constat d’échec pour la gestion actuelle. Ils interrogent directement les responsables de cette chute libre.
Mais au-delà de la douleur exprimée, le message de Ngokas est-il un simple cri du cœur ou l’amorce d’un retour salvateur ? Beaucoup d’observateurs du football congolais y voient une porte entrouverte, un signal discret lancé aux supporters et aux décideurs. L’homme qui a su hisser le club au sommet pourrait-il être celui qui le ramènera à la surface ? La question est sur toutes les lèvres à Mbuji-Mayi et dans les milieux sportifs nationaux.
La situation actuelle de Sanga Balende pose une question fondamentale sur la gouvernance des clubs en RDC. Comment éviter que d’autres institutions ne connaissent le même destin tragique ? Le déclin de ce pilier du football congolais est un avertissement pour tout l’écosystème sportif national. Il met en lumière l’urgente nécessité d’une gestion professionnelle, transparente et durable, loin des luttes politiciennes qui, comme le souligne Ngoy Kasanji, ont brisé des ambitions légitimes.
L’avenir de Sanga Balende se joue maintenant. Les supporters, fidèles malgré tout, attendent un signe fort, une étincelle pour rallumer la flamme. Le retour d’une figure emblématique comme Alphonse Ngoy Kasanji pourrait-il être cette étincelle ? Le chemin de la reconstruction sera long et semé d’embûches, mais l’histoire du club prouve que les ressuscitations sont possibles. Le football congolais a besoin de ses clubs historiques en bonne santé. Le réveil des Anges et Saints est plus qu’une nécessité sportive ; c’est un impératif pour tout un patrimoine footballistique. La balle est désormais dans le camp de ceux qui décident. Vont-ils saisir la perche tendue par le passé pour sauver l’avenir ?
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: footrdc.com
