Dans un acte de fermeté diplomatique et politique, le gouvernement de la République démocratique du Congo a brandi, ce mardi 23 décembre, un communiqué accusateur qui jette une lumière crue sur les pratiques douteuses ensemençant l’Est du pays. L’Exécutif dénonce avec véhémence ce qu’il qualifie de manipulation politique et de prise d’otages collective, visant à contraindre des populations civiles à exprimer un soutien au groupe rebelle M23 et à rejeter les injonctions internationales. Cette prise de position officielle, loin d’être une simple déclaration de principe, marque un tournant dans la communication de l’État face à une stratégie d’influence perçue comme insidieuse et destructrice.
Les faits, tel que rapportés par le ministère de la Communication et des Médias, sont troublants. Entre le 16 et le 23 décembre, une série de manifestations aurait été orchestrée dans plusieurs villes et localités stratégiques : Uvira, Kamanyola, Goma, Bukavu et Sake. Le point commun de ces rassemblements ? Exprimer un soutien contraint au M23 et dénoncer les pressions américaines appelant au retrait de ce groupe armé. Pour Kinshasa, il ne s’agit nullement d’un mouvement populaire spontané, mais bien d’un scénario imposé, une sinistre mise en scène où des civils, y compris des femmes et des jeunes, sont réduits au rôle de figurants sous la menace. Cette instrumentalisation des foules pose une question fondamentale : jusqu’où iront les acteurs de l’ombre pour légitimer une présence militaire étrangère illégitime sur le sol congolais ?
Le langage employé par le gouvernement est sans ambiguïté et frappe par sa gravité. En parlant de « prise d’otages collectives des civils », il place ces actes dans le registre des crimes les plus condamnables. L’analyse politique sous-jacente est claire : il s’agit d’une manœuvre visant à créer une façade de soutien local, à fabriquer du consentement pour délégitimer à la fois l’autorité de l’État congolais et la position de la communauté internationale, notamment les États-Unis. Cette manipulation politique en RDC cherche-t-elle à retourner l’opinion contre les partenaires extérieurs œuvrant pour une résolution pacifique du conflit ? La stratégie semble être de présenter le M23 non comme un groupe rebelle, mais comme une entité bénéficiant d’un appui populaire, contredisant ainsi les appels à son désarmement et à son retrait.
En condamnant ces marches forcées pour le M23, le gouvernement opère un double mouvement. D’une part, il réaffirme sa souveraineté et son rôle de protecteur des populations, soulignant que l’utilisation des civils comme boucliers humains ou instruments de propagande constitue une atteinte intolérable à la dignité humaine et à l’intégrité nationale. D’autre part, il adresse un avertissement sans fard aux « auteurs et commanditaires de ces actes », promettant des sanctions sévères et des poursuites judiciaires. Cette fermeté affichée répond-elle à une nécessité de restaurer un narratif perdu face à une propagande active sur le terrain ? Elle démontre en tout cas la volonté de Kinshasa de ne plus laisser le champ libre à la désinformation et à la coercition psychologique.
Les implications de cette affaire dépassent le cadre local. En pointant du doigt les marches organisées pour dénoncer les pressions américaines pour le retrait du M23, le gouvernement congolais replace le conflit dans son contexte géopolitique régional. Il met en lumière les tensions sous-jacentes et les jeux d’influence qui se jouent sur le dos des populations de l’Est. Cette dénonciation publique sert aussi de message à la communauté internationale, l’appelant à reconnaître la complexité et la brutalité des méthodes employées pour saper les efforts de paix. L’engagement réitéré de Kinshasa dans les processus de paix en cours apparaît, dans ce contexte, comme un pari fragile. Comment construire une paix durable lorsque les civils sont transformés en pions sur un échiquier politique et militaire ?
La condamnation ferme du gouvernement face à ces manipulations sonne comme un signal d’alarme. Elle révèle un front de bataille parallèle, celui de l’information et de la psychologie des populations, qui est tout aussi crucial que le front militaire. La restauration de l’autorité de l’État passe également par la protection de l’esprit critique et de la liberté des citoyens face à la coercition. Les prochains jours seront révélateurs. Les sanctions promises se concrétiseront-elles ? Les mécanismes de protection des civils seront-ils renforcés ? La réponse à ces questions déterminera si cette vigoureuse dénonciation reste une déclaration d’intention ou se mue en un tournant concret dans la défense des droits des Congolais de l’Est, piégés entre plusieurs feux. La crédibilité de l’État et l’espoir d’une paix véritable en dépendent.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
