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Moanda s’apprête à une « ville morte » face aux accusations de gangstérisme administratif

La gouvernance locale dans le Kongo Central est-elle à la dérive ? Alors que la Synergie des associations et acteurs de la société civile de Moanda brandit l’article 26 de la Constitution pour justifier une série de manifestations contre l’administration du territoire, l’image d’un État en proie à ses propres dysfonctionnements se dessine. La fronde civile, qui se matérialisera par une journée « ville morte » ce lundi 22 décembre 2025, suivie de sit-in, révèle une fracture profonde entre les administrés et leur représentant étatique, l’administratrice Aminata Panda. Ce bras de fer, qui transcende la simple critique pour accuser « l’abus de pouvoir » et le « gangstérisme administratif », soulève des questions fondamentales sur la gestion des ressources publiques et la paix sociale dans la région.

Jean-Louis Musuba, porte-parole de la Synergie, ne mâche pas ses mots. Les accusations portées contre l’administratrice du territoire de Moanda sont lourdes : violation systématique des textes réglementaires, privatisation présumée des biens de l’État, et une gestion qualifiée de « gangstérisme administratif ». Cette litanie de griefs, étayée selon les protestataires par des rapports documentés, peint le tableau d’une administration dévoyée de sa mission première. La société civile locale affirme avoir épuisé toutes les voies de dialogue, sans obtenir la moindre écoute des autorités compétentes. Face à ce qu’elle perçoit comme un mur d’indifférence, la Synergie a donc choisi la rue, invoquant le droit constitutionnel à la manifestation pacifique. Cette escalade traduit-elle l’échec des mécanismes institutionnels de contrôle et de recours dans le Kongo Central ?

La réponse de l’autorité mise en cause, Aminata Panda, est pour le moins laconique. L’administratrice du territoire de Moanda se retranche derrière l’argument de la mauvaise information de ses détracteurs. Une posture classique du pouvoir confronté à la contestation, qui consiste à disqualifier la critique plutôt qu’à y répondre sur le fond. Ce refus du débat public, cette absence de transparence sur les allégations de mauvaise gestion, ne fait qu’alimenter le sentiment de défiance. Lorsque les acteurs de la société civile, traditionnels relais entre la population et l’État, en viennent à dénoncer publiquement une gouvernance qui « compromet la paix sociale et freine le développement local », c’est tout l’édifice de la légitimité administrative qui vacille.

Les implications politiques de ce conflit local dépassent largement le périmètre de Moanda. Cette protestation ciblée contre l’administrateur du territoire s’inscrit dans un contexte national où les accusations de mauvaise gestion au niveau local sont récurrentes. Elle met en lumière la vulnérabilité des institutions locales, souvent perçues comme des fiefs personnels plutôt que comme des services publics. Le recours à des moyens de pression citoyenne, comme la « ville morte », est un indicateur puissant du niveau de frustration et de la rupture du contrat social. Cette stratégie de la société civile constitue un test crucial pour les autorités provinciales et nationales : vont-elles arbitrer ce conflit en garantissant la reddition des comptes, ou laisseront-elles pourrir une situation qui menace la stabilité d’une portion du Kongo Central ?

La journée du 22 décembre 2025 sera donc scrutée avec attention. Le succès ou l’échec de la « ville morte » à Moanda enverra un signal fort quant à la capacité de mobilisation de la société civile et à la réceptivité du pouvoir face à une contestation légale. L’administratrice Aminata Panda joue, dans ce dossier, une partie politique délicate. Si les accusations se révèlent fondées, sa position pourrait devenir intenable, éclaboussant au passage la chaîne hiérarchique qui la soutient. À l’inverse, si la protestation s’essouffle sans réponse concrète, le risque est de légitimer des pratiques de gouvernance opaque et de décourager toute forme de contrôle citoyen. Le développement local et la paix sociale dans le territoire de Moanda se trouvent désormais à la croisée des chemins, suspendus à la capacité des acteurs à renouer un dialogue basé sur les faits et l’intérêt général. L’enjeu, in fine, est la crédibilité même de l’État de droit dans cette partie de la République Démocratique du Congo.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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