28.2 C
Kinshasa
dimanche, décembre 21, 2025

Toute l'Actualité RDC, en Direct et en Détail

AccueilActualitéPolitiqueMoanda sous tension : la société civile dénonce la gestion "gangstérisée" du...

Moanda sous tension : la société civile dénonce la gestion “gangstérisée” du territoire

Une vague de contestation sans précédent s’apprête à frapper Moanda, dans le Kongo Central, alors que la Synergie des associations et acteurs de la société civile brandit l’ultime recours : une journée « ville morte ». Ce lundi 22 décembre 2025, la cité côtière pourrait se figer dans le silence, prélude à des sit-in prolongés devant les bureaux de l’administration territoriale. Cette escalade, présentée comme un « moyen légal de pression citoyenne », est l’aboutissement d’une longue série de griefs non résolus. Mais que révèle vraiment cette fronde sociale sur l’état de la gouvernance locale et les rapports de force entre l’autorité publique et les représentants de la population ?

Au cœur de la tempête, l’administratrice du territoire de Moanda, Aminata Panda, se trouve accusée de pratiques qui, selon la société civile, frisent le « gangstérisme administratif ». Les reproches, portés notamment par le membre actif Jean-Louis Musuba, sont d’une gravité qui dépasse la simple mauvaise gestion. Il s’agit de violations des textes réglementaires, d’abus de pouvoir systémiques et d’une privatisation présumée des biens de l’État. Cette litanie de griefs, soutenue par des « rapports documentés » selon les contestataires, dessine le portrait d’une administration dévoyée, où l’intérêt privé prendrait le pas sur la chose publique.

La société civile de Moanda affirme avoir épuisé toutes les voies de dialogue. Ses représentants clament avoir multiplié les démarches auprès des autorités supérieures compétentes, sans jamais obtenir de réponse tangible ni d’action corrective. Ce mur de silence institutionnel les a conduits à puiser dans l’arsenal démocratique garanti par la Constitution. L’invocation de l’article 26, qui consacre la liberté de manifestation pacifique, n’est pas anodine. Elle pose un cadre légal à une révolte citoyenne et sert d’avertissement solennel aux autorités : la légitimité de l’action publique se juge aussi à sa capacité à écouter ses administrés.

Face à cette offensive, l’administratrice du territoire, Aminata Panda, oppose un déni catégorique. Contactée pour répondre aux accusations, elle rétorque que ses détracteurs « ne sont pas bien informés sur sa gestion ». Cette ligne de défense, classique dans les conflits entre administration et société civile, ouvre cependant un fossé de défiance. Peut-on gouverner un territoire lorsque la crédibilité de son action est publiquement mise en doute par les structures censées représenter la base ? La réponse d’Aminata Panda, perçue comme évasive, risque de ne pas suffire à désamorcer une colère nourrie par des griefs précis et documentés.

Les implications politiques de cette crise sont profondes. La paix sociale, déjà fragile dans de nombreuses régions du Kongo Central, est explicitement désignée comme « compromise » par cette mauvaise gestion présumée. Plus encore, c’est le développement local du territoire de Moanda qui serait « freiné ». L’enjeu dépasse donc la simple personnalisation du conflit autour de l’administratrice du territoire. Il touche à la capacité même de l’État à fournir un cadre de gouvernance intègre et efficace, condition sine qua non pour attirer les investissements et améliorer les conditions de vie des populations.

La stratégie de la société civile, qui passe de la plainte écrite à l’action directe et visible (ville morte, sit-in), marque un tournant. Elle indique une perte de confiance totale dans les canaux de résolution des conflits traditionnels. En programmant des actions sur plusieurs jours, les organisateurs visent à maintenir la pression médiatique et à forcer une réaction des échelons supérieurs de l’État. Cette protestation de la société civile en RDC devient ainsi un test pour l’ensemble de l’appareil administratif : saura-t-il prendre la mesure d’un mécontentement populaire fondé avant qu’il ne dégénère ?

Les prochains jours à Moanda seront décisifs. La journée « ville morte » constituera un baromètre précis du soutien populaire dont dispose la Synergie des associations. Son succès ou son échec influencera directement le rapport de force avec l’administration du territoire. Parallèlement, la réponse des autorités provinciales et nationales à cette crise locale sera scrutée à la loupe. Resteront-elles sourdes aux appels, au risque de voir l’étincelle de Moanda embraser d’autres territoires du Kongo Central où des griefs similaires couvent ? Ou interviendront-elles pour exiger des comptes et, le cas échéant, initier un audit de la gestion contestée ?

Cette affaire cristallise les maux d’une gouvernance parfois éloignée des réalités citoyennes. Elle pose une question fondamentale : jusqu’où une administration peut-elle fonctionner en circuit fermé, ignorante des alertes lancées par les corps intermédiaires, avant de provoquer une rupture de la confiance publique ? La crise à Moanda n’est peut-être qu’un symptôme. Son règlement, ou son aggravation, enverra un signal clair sur la santé démocratique du pays et sur la possibilité pour les citoyens de demander des comptes à ceux qui les gouvernent. L’administrateur du territoire de Moanda, comme l’ensemble de la chaîne hiérarchique, joue désormais sa crédibilité sur la capacité à transformer cette protestation en dialogue constructif.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net

Commenter
Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
Actualité Liée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici


Actualité Populaire Liée

Actualité Populaire RDC

Résumé de l'actualité quotidienne

Le Brief du Jour du 21 Décembre 2025

Sécurité : retours en Ituri après offensives contre la milice CRP, reprise agricole à Beni après une accalmie ADF. Économie : la Banque centrale radie Force-Unie SARL et somme 112 établissements financiers de se régulariser. Politique : l’UDPS organise un forum sur la crise à l’Est ; Moanda sous tension avec la société civile. Sports : coup d’envoi CAN 2025, arbitre et Léopards congolais sous les projecteurs. Société : drame routier sur l’axe Lubumbashi-Likasi.

Derniers Appels D'offres

Derniers Guides Pratiques