Le secteur financier congolais vient d’être secoué par une décision majeure de son autorité de tutelle. La Banque centrale du Congo (BCC) a procédé, de manière définitive, à la radiation de l’établissement Force-Unie SARL de la liste officielle des messageries financières autorisées à opérer sur le territoire national. Cette sanction, l’une des plus sévères du dispositif de régulation bancaire en RDC, intervient dans un contexte de renforcement du cadre de surveillance des intermédiaires financiers, visant à assainir un marché crucial pour l’économie informelle et les transferts de fonds domestiques.
Selon un communiqué officiel, le siège social de l’entité sanctionnée était situé au numéro 127 de l’avenue Baraka, dans le quartier Mongala de la commune de Kinshasa. La BCC a formellement invité le public à cesser toute transaction avec cette organisation, marquant ainsi une rupture nette de sa légitimité opérationnelle. Mais cette action isolée n’est que la partie émergée d’un vaste processus de contrôle. En effet, l’autorité monétaire a simultanément adressé une mise en demeure à pas moins de cinquante autres messageries financières et soixante-deux bureaux de change, les sommant de se conformer aux exigences administratives sous peine de subir le même sort.
Quels sont les fondements juridiques de cette purge financière ? La décision s’appuie strictement sur les dispositions légales promulguées le 27 décembre 2022, qui régissent l’activité et le contrôle des établissements de crédit et assimilés. Ces textes confèrent à la Banque centrale du Congo un pouvoir accru de supervision et de sanction, avec pour objectif affiché de protéger les usagers et de garantir la stabilité du système. Le premier délai de régularisation accordé aux acteurs concernés étant désormais expiré, l’épée de Damoclès du retrait d’agrément est suspendue au-dessus de leurs têtes, comme le précise l’avis public de la BCC.
Cette offensive régulatrice traduit une volonté claire de la part de l’institut d’émission : assainir en profondeur le canal des transferts de fonds à Kinshasa et dans l’ensemble du pays. Ce secteur, vital pour la fluidité des transactions quotidiennes de millions de Congolais, représente un maillon essentiel de l’inclusion financière, mais aussi un point de vulnérabilité en cas de mauvaise gestion ou de pratiques frauduleuses. En écartant les acteurs non conformes, la BCC cherche à construire un écosystème plus résilient et digne de confiance. Cette démarche est-elle le signe avant-coureur d’une restructuration plus large du paysage des services financiers décentralisés ?
Les conséquences économiques de cette décision sont doubles. À court terme, la radiation de Force-Unie SARL et la pression exercée sur des dizaines d’autres structures pourraient entraîner une contraction temporaire de l’offre de services de transfert, avec un impact potentiel sur les coûts et les délais pour les utilisateurs finaux. Cependant, à plus long terme, l’effet net devrait être positif. Un marché assaini, où seuls opèrent des acteurs solvables et transparents, renforce la confiance des populations, attire les investissements et réduit les risques systémiques. C’est une condition sine qua non pour moderniser la finance congolaise et la connecter aux standards internationaux.
En définitive, l’action musclée de la Banque centrale du Congo envoie un signal fort à l’ensemble de l’industrie. Elle démontre que l’ère d’une régulation laxiste est révolue et que la conformité n’est plus une option. Pour les opérateurs historiques et les nouveaux entrants, le message est clair : l’agrément de la BCC n’est pas un acquis, mais un privilège conditionné au respect scrupuleux des normes. Cette politique de « tolérance zéro » pour les manquements administratifs et probablement prudentiels, si elle est maintenue, pourrait remodeler en profondeur la carte des services financiers en République Démocratique du Congo, au bénéfice d’une économie nationale en quête de stabilité et de croissance inclusive.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
