Le gouvernement provincial du Bas-Uele franchit une étape déterminante dans sa politique d’infrastructures. Ce samedi 20 décembre, le gouverneur Mike-David Mokeni a officiellement présenté à la population de Buta une flotte de dix-huit engins de construction, un investissement stratégique financé sur fonds propres provinciaux. Cette dotation, composée d’excavatrices, de bulldozers, de niveleuses et de compacteurs, matérialise une promesse de campagne vieille de dix-sept mois et vise à redynamiser le réseau routier, véritable colonne vertébrale du développement économique de la région.
Comment analyser cet investissement dans des engins construction Bas-Uele ? Au-delà du symbole politique, il s’agit d’une réponse concrète à un défi majeur : le désenclavement. Les routes Bas-Uele, souvent dans un état de délabrement avancé, constituent un frein notoire aux échanges commerciaux, à la circulation des personnes et à l’exploitation des ressources locales. L’acquisition de cet équipement travaux publics RDC permet à la province de reprendre en main la maintenance de son patrimoine routier, réduisant ainsi sa dépendance vis-à-vis des interventions erratiques de l’État central. Le ministre provincial des Infrastructures, Elie Aluwa, a confirmé que cet arsenal mécanique sera déployé au sein de deux brigades techniques, ciblant des axes prioritaires. Cette logistique permettra-t-elle enfin de rompre l’isolement de certaines zones ?
Le déploiement annoncé est on ne peut plus clair. Une brigade sera affectée à la réhabilitation routes RN4, sur le tronçon stratégique Dulia-Bondo-Nduu, tandis que la seconde interviendra sur la RN6 entre Dunia et Aketi. Ces corridors sont vitaux pour l’économie provinciale, reliant des bassins de production agricole et minière aux centres de consommation et aux axes d’exportation nationaux. La présence de compacteurs et de niveleuses indique une volonté de travaux durables, passant du simple déblaiement à la construction et à l’entretien régulier de chaussées stables. Cette approche prophylactique, si elle est maintenue, pourrait générer des économies substantielles à moyen terme en évitant la dégradation rapide des infrastructures après réfection.
Sur le plan macroéconomique, l’impact potentiel est significatif. Des routes en bon état réduisent le coût du transport, un facteur qui peut immédiatement se répercuter sur le prix des denrées de première nécessité pour les populations et sur la compétitivité des produits locaux. Pour les investisseurs, un réseau fiable est un argument bien plus convaincant qu’une incitation fiscale. Mike-David Mokeni place ainsi son action sous le signe d’un keynésianisme territorial : l’investissement public massif dans les infrastructures est censé créer un effet d’entraînement, stimulant la croissance par une demande accrue en main-d’œuvre, en services logistiques et en matériaux de construction locaux. Cet engagement pourrait-il catalyser un cercle vertueux de développement ?
Toutefois, l’acquisition d’engins ne suffit pas. La réussite de ce projet résidera dans sa gestion opérationnelle et sa durabilité financière. La province parviendra-t-elle à constituer des équipes techniques compétentes et à assurer la maintenance de ce parc coûteux ? Le financement régulier du carburant et des pièces de rechange constituera un test crucial. La centralisation de cette logistique sous l’égide du gouvernement provincial vise à rationaliser les efforts et à éviter la dispersion des moyens, un écueil fréquent dans la gestion des infrastructures en RDC. La mise en place de ces brigades spécialisées pourrait servir de modèle pour d’autres provinces confrontées à des défis similaires.
En définitive, la présentation de ces dix-huit engins marque plus qu’une cérémonie de remise de clés. Elle symbolise la volonté du Bas-Uele de prendre en main son destin infrastructuel. Si la mise en œuvre suit les annonces, cette politique pourrait transformer le paysage économique de la province, en faisant baisser les coûts de transaction, en attirant de nouveaux investissements et en améliorant concrètement le quotidien des habitants. L’avenir du réseau routier congolais se joue aussi dans ces initiatives provinciales audacieuses, où l’acquisition d’un bulldozer vaut parfois plus qu’un long discours. La réussite de ce projet sera un indicateur clé de la capacité des entités décentralisées à impulser un développement endogène et résilient.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
