Lubumbashi, République Démocratique du Congo – Le samedi 13 décembre 2025, les rues de la capitale du Haut-Katanga ont vibré d’un autre rythme que celui, habituel, des affaires et de l’industrie minière. Ce jour-là, l’Université Don Bosco Lubumbashi a orchestré une Marche de l’Amitié, un événement étudiant qui pose une question fondamentale : dans un contexte national parfois marqué par les clivages, les campus peuvent-ils être des laboratoires de cohésion sociale ?
Le point de départ, le Collège Imara, a vu défiler dès les premières lueurs du jour des centaines d’étudiants, d’enseignants et de membres du personnel administratif, tous vêtus aux couleurs de l’institution. Le parcours de près de trois kilomètres jusqu’au campus de Karavia était bien plus qu’une simple promenade santé. Il s’agissait d’un symbole en mouvement, une démonstration palpable de l’engagement de cette université salésienne envers des valeurs souvent évoquées mais rarement incarnées avec une telle ferveur collective : la solidarité, l’unité et le vivre-ensemble.
« On passe nos journées dans les amphis ou devant nos écrans, mais on se croise à peine », confie David, étudiant en gestion. « Ici, en marchant côte à côte avec un professeur ou un agent de sécurité, les barrières tombent. On se parle, on rit, on se découvre. C’est ça, la vraie solidarité universitaire. » Ce témoignage résume l’essence de cette initiative. Au-delà de l’effort physique, la journée était rythmée par des animations sportives, des jeux traditionnels et des prestations musicales, créant un cadre informel propice à la naissance de nouvelles connivences.
Mais pourquoi un tel événement revêt-il une importance particulière en RDC ? Les établissements d’enseignement supérieur du pays sont souvent perçus comme des bulles, parfois coupées des réalités communautaires qui les entourent. La Marche de l’Amitié inverse cette logique. En ouvrant ses portes et en investissant l’espace public de Lubumbashi, l’Université Don Bosco assume un rôle civique. Elle ne forme pas seulement des têtes bien pleines, elle cherche à forger des citoyens conscients de leur appartenance à un tout.
L’analyse de cette activité communautaire dans le Haut-Katanga révèle une stratégie pédagogique plus large. Pour le recteur de l’université, présent tout au long du parcours, cet événement s’inscrit dans la philosophie éducative de saint Jean Bosco. « Notre mission va au-delà de la transmission des savoirs. Il s’agit d’éduquer le cœur et de construire l’homme dans toutes ses dimensions. Une journée comme celle-ci est une leçon pratique d’humanisme », a-t-il déclaré. Dans un pays où les défis sociaux sont immenses, une telle approche holistique de l’éducation n’est pas un luxe, mais une nécessité.
Cet événement étudiant à Lubumbashi pourrait-il faire des émules ? Alors que le système éducatif congolais est régulièrement secoué par des crises, l’initiative de Don Bosco offre un contre-modèle apaisant. Elle démontre que l’université peut être un espace de résilience et de fabrique du lien social. D’autres institutions de la région pourraient s’en inspirer pour lutter contre l’individualisme grandissant et le sentiment d’isolement sur les campus.
En conclusion, la Marche de l’Amitié de décembre 2025 est bien plus qu’un fait divers local. C’est un signal fort envoyé par la communauté de l’Université Don Bosco. Elle rappelle que l’excellence académique et l’esprit de fraternité ne sont pas antinomiques, mais complémentaires. Dans le paysage parfois fragmenté de l’enseignement supérieur en RDC, de telles initiatives redonnent du sens au mot « communauté universitaire ». La question reste maintenant de savoir si cette flamme de solidarité allumée à Lubumbashi saura inspirer un mouvement plus large, capable de ré-enchanter le vivre-ensemble sur tous les campus du pays.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: https://www.infoans.org/en/sections/news-photos/item/26447-dr-congo-friendship-walk-of-don-bosco-university-lubumbashi
