Une décision forte a été prise pour tenter d’apaiser le climat sécuritaire dans le Grand Nord du Kivu. Les combattants volontaires pour la défense de la patrie, communément appelés VDP ou Wazalendo, se voient désormais interdire le port d’armes dans les espaces publics des grandes villes de la région. Cette directive radicale concerne spécifiquement les agglomérations de Beni et de Butembo, ainsi que leurs environs immédiats.
Cette mesure émane directement du conseil de guerre de la synergie des VDP/Wazalendo du Front Nord. Elle a été actée à l’issue d’une réunion cruciale qui a regroupé l’ensemble des commandants des différents mouvements, tenue à Musyenene, dans le territoire de Lubero. Le but affiché est clair : prévenir tout incident et renforcer les dispositifs de protection à l’approche des festivités de fin d’année. La sécurité du Nord-Kivu, une région minée par des conflits récurrents, est plus que jamais une priorité.
Mais au-delà des célébrations, l’objectif est plus stratégique. Cette restriction vise également à contrer toute tentative d’infiltration par des groupes rebelles hostiles. La crainte d’incursions des combattants du M23 ou des Forces démocratiques alliées (ADF) plane toujours sur la région. En limitant la circulation d’hommes armés en ville, les commandants espèrent mieux contrôler les accès et identifier plus facilement les éléments étrangers. La synergie des VDP Wazalendo joue-t-elle ici un rôle de régulateur face à une situation potentiellement explosive ?
Les modalités de l’interdiction sont strictes et sans ambiguïté. Un communiqué officiel, signé par le colonel autoproclamé Guy Ngabo, porte-parole de la synergie, détaille les nouvelles règles. Non seulement les VDP ne doivent plus se présenter armés dans les lieux publics, mais une restriction horaire complète est également instaurée. La circulation avec des armes est prohibée entre 18 heures et 6 heures du matin sur toute l’étendue des deux villes. La responsabilité des patrouilles nocturnes est ainsi intégralement transférée aux forces régulières, à savoir la Police nationale congolaise (PNC) et les Forces armées de la RDC (FARDC). Cette clarification des rôles est essentielle pour éviter les confusions et les chevauchements d’attributions, sources de tensions.
La mesure ne s’arrête pas aux rues et aux avenues. Le conseil de guerre a émis un ordre cinglant à l’encontre de tous les combattants volontaires, quel que soit leur grade, logeant dans des hôtels. Ils doivent immédiatement quitter ces établissements pour réintégrer leurs états-majors respectifs. Aucune présence de Wazalendo porteurs d’armes ne sera tolérée dans les hôtels, les bistrots, les cafétérias ou sur les terrasses. Cette décision vise-t-elle à mettre fin à des comportements jugés inappropriés ou simplement à un relâchement de la discipline ? Elle démontre en tout cas une volonté ferme de reprise en main par la hiérarchie.
Cette série de directives intervient dans un contexte sécuritaire particulièrement volatile au Nord-Kivu. La région reste le théâtre d’affrontements sporadiques et la présence de nombreux groupes armés, officiels et parallèles, contribue à une forme d’insécurité diffuse. La décision du conseil de guerre des VDP Wazalendo peut être interprétée comme une tentative de professionnalisation et de normalisation de ces forces populaires. En encadrant strictement le port d’armes, les commandants cherchent probablement à améliorer l’image et l’efficacité opérationnelle de leurs troupes face à la population civile. Le succès de ces mesures de sécurité à Beni et Butembo sera un test crucial pour la crédibilité de cette synergie.
Les réactions sur le terrain sont attendues avec attention. Comment cette interdiction sera-t-elle appliquée concrètement ? Le respect de ces consignes par l’ensemble des combattants volontaires, souvent issus de milices diverses, n’est pas garanti d’avance. La collaboration avec la PNC et les FARDC, chargées de la sécurité nocturne, sera un autre point d’observation essentiel. Une coordination efficace est impérative pour éviter tout vide sécuritaire ou, au contraire, tout conflit de prérogatives.
Au final, cette initiative marque un tournant dans la gestion des forces d’autodéfense dans le Grand Nord. Elle traduit une prise de conscience des risques liés à une présence armée non régulée en milieu urbain. En agissant de la sorte, la synergie des VDP Wazalendo du Front Nord assume une part de responsabilité dans la pacification de l’espace public. L’enjeu dépasse la simple discipline interne ; il s’agit de contribuer à la restauration d’un climat de confiance indispensable pour les civils épuisés par des années de violence. La période des fêtes, souvent propice à des tensions, servira de premier révélateur à l’efficacité de cette politique. L’espoir est désormais que ces mesures strictes pour la sécurité à Butembo, Beni et dans tout le Nord-Kivu permettront aux habitants de connaître un répit bien mérité.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
