Dans un contexte où la gouvernance du secteur énergétique constitue un enjeu critique pour le développement économique, la République Démocratique du Congo franchit une étape décisive avec la formalisation d’un cadre renforcé pour la gestion de la redevance électricité RDC. La signature, jeudi 18 décembre à Kinshasa, d’un Protocole d’Accord entre le Secrétariat Général aux Ressources Hydrauliques, la Direction Générale des Recettes Administratives, Judiciaires, Domaniales et de Participation (DGRAD), l’Autorité Nationale de Régulation du Secteur de l’Électricité (ANSER) et la Société Nationale d’Électricité (SNEL) marque un tournant dans l’optimisation des recettes liées à la consommation d’énergie.
Ce protocole accord redevance, spécifiquement conçu pour les clients finals en haute et moyenne tension, établit des modalités claires et standardisées de déclaration, de perception et de contrôle. Cette initiative s’inscrit dans une volonté politique affichée de transformer la transparence gestion énergie d’un simple slogan en une réalité opérationnelle. Comment cet outil va-t-il concrètement restructurer les flux financiers et impacter l’ensemble de la chaîne de valeur électrique ?
L’analyse économique de cette mesure révèle une stratégie à double détente. Premièrement, elle vise à colmater les fuites de recettes non fiscales et parafiscales, dont les estimations de pertes annuelles se chiffrent traditionnellement en millions de dollars. En clarifiant les responsabilités de chaque institution – la SNEL pour la facturation et la collecte initiale, l’ANSER pour le contrôle réglementaire, et la DGRAD pour le recouvrement et la centralisation – le dispositif réduit les zones d’ombre propices aux pratiques frauduleuses. Le secrétaire général aux Ressources hydrauliques a d’ailleurs souligné que cet instrument « donne à l’ANSER les moyens de sa politique », lui conférant ainsi l’autorité nécessaire pour superviser efficacement le processus.
Deuxièmement, le protocole instaure une prévisibilité budgétaire inédite. En sécurisant les flux de la redevance électricité RDC, il garantit une allocation plus stable et transparente des fonds dédiés au développement du secteur. Damien Tuambilangane, Directeur général adjoint de l’ANSER, a précisé que « cet outil confirme la volonté du Gouvernement d’améliorer la transparence dans la gestion de l’électricité ». Cette prévisibilité est le carburant essentiel pour attirer les investissements, tant publics que privés, dans un secteur encore sous-capitalisé malgré l’immense potentiel en ressources hydrauliques RDC.
Les retombées les plus attendues concernent directement le chantier prioritaire de l’électrification rurale Congo. Le ministre des Ressources hydrauliques a exprimé sa conviction que cette synergie interinstitutionnelle « sécurise les financements destinés à l’électrification rurale ». En effet, une partie significative de ces redevances est légalement affectée au Fonds d’Électrification Rurale (FER). Une collecte optimisée signifie donc des ressources accrues et régulières pour déployer les réseaux dans les zones reculées, brisant ainsi le cercle vicieux de la pauvreté énergétique qui entrave le développement agricole et entrepreneurial.
À plus long terme, ce renforcement de la gouvernance financière du secteur électrique représente un levier puissant pour accélérer la transition énergétique nationale. Une gestion transparente et efficace des revenus existants crée un climat de confiance propice au financement de projets d’énergies renouvelables plus ambitieux, permettant à la RDC de valoriser durablement son capital hydraulique et solaire. Cette consolidation du cadre légal rend le mécanisme « plus légal, plus prévisible et plus équitable », selon les termes du ministre, jetant les bases d’un marché de l’électricité plus mature et résilient.
En définitive, ce protocole d’accord dépasse la simple rationalisation administrative. Il s’agit d’un acte de politique économique structurant, visant à transformer la redevance sur l’électricité d’une taxe perçue en un véritable investissement pour l’avenir énergétique du pays. Son succès dépendra de la rigueur de son application et du maintien de la collaboration entre les signataires. Si ces conditions sont remplies, la RDC pourrait voir s’ouvrir une nouvelle ère de gouvernance énergétique, où chaque kilowattheure consommé contribue de manière tangible et traçable à l’électrification du territoire et à la modernisation de son infrastructure nationale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
