L’Assemblée générale des Nations Unies a élu, ce jeudi 18 décembre 2025, l’ancien président irakien Barham Salih au poste de Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Sa désignation marque un tournant pour cette agence onusienne cruciale, à l’heure où le nombre de personnes déplacées de force dans le monde dépasse les 122 millions. Son mandat de cinq ans débutera le 1er janvier 2026 depuis le siège de l’organisation à Genève.
Barham Salih succède à l’Italien Filippo Grandi, qui achève un mandat de dix ans. Le processus de sélection, décrit comme compétitif par l’ONU, a vu s’opposer plusieurs candidats de diverses nationalités. Le Secrétaire général António Guterres a salué l’élection, tout en rendant hommage au leadership et aux efforts inlassables de M. Grandi en faveur des réfugiés, des déplacés et des apatrides.
Le profil du nouveau Haut-Commissaire est singulier. Originaire d’un pays ravagé par les conflits, M. Salih apporte avec lui une expérience directe des crises humanitaires. Dans une déclaration empreinte d’empathie, il a révélé : « Ayant moi-même été réfugié, je sais combien la protection et l’assistance peuvent transformer une vie. » Cette expérience personnelle, combinée à plusieurs décennies de fonction publique au plus haut niveau en Irak, semble avoir pesé dans sa sélection. Son programme s’annonce fondé sur le pragmatisme, le respect du droit international et une quête de solutions durables pour rendre le déplacement « temporaire et non une fatalité ».
Le défi est colossal. Le HCR fête cette année ses 75 ans dans un contexte de crise mondiale d’une ampleur inédite. De l’Ukraine au Soudan, en passant par l’Afghanistan et le Myanmar, les conflits génèrent des vagues de déplacements. La région des Grands Lacs, et particulièrement la République Démocratique du Congo, reste un épicentre majeur de cette tragédie. Des millions de Congolais sont déplacés de force à l’intérieur de leur propre pays ou ont trouvé refuge chez les voisins, mettant à rude épreuve les capacités d’accueil et d’assistance.
Face à cette urgence, l’agence onusienne doit également composer avec une crise de financement aiguë. Filippo Grandi, le Haut-Commissaire sortant, a tiré la sonnette d’alarme sur les budgets du HCR. Alors que l’organisation avait un budget approuvé de 10,6 milliards de dollars pour 2025, elle ne reçoit habituellement que la moitié de ses besoins. Ces coupes budgétaires ont des conséquences directes et extrêmement néfastes sur le terrain, affectant les réfugiés et les pays hôtes. M. Grandi a averti que cette situation exposait l’agence à un début d’année 2026 très difficile, avec peu de liquidités pour couvrir les engagements initiaux.
Comment Barham Salih compte-t-il relever ce double défi, opérationnel et financier ? L’ancien président irakien a promis de poursuivre les réformes engagées pour renforcer l’efficacité et la transparence du HCR sur le terrain. Il mise sur un partenariat élargi, déclarant vouloir travailler avec les États membres, le secteur privé et les organisations caritatives pour « apporter une aide aux personnes qui en ont le plus besoin » et assurer une utilisation optimale des ressources. Sa priorité absolue restera le sort des réfugiés et des personnes déplacées, avec un focus sur la protection de leurs droits et de leur dignité.
Son élection survient alors que le HCR maintient une présence dans 128 pays, avec près de 90% de ses 14 600 employés déployés sur le terrain, malgré les restrictions budgétaires. La communauté internationale attend désormais de voir comment le leadership de Barham Salih, forgé dans l’épreuve, pourra insuffler une nouvelle dynamique à la réponse aux déplacements forcés. La réussite de son mandat sera jugée à l’aune des solutions concrètes apportées aux millions de victimes, notamment dans des zones de crise chronique comme l’est de la RDC, où la quête de stabilité et de paix demeure un impératif humanitaire absolu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
