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vendredi, décembre 19, 2025

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Alors que la recherche scientifique congolaise peine souvent à rayonner au-delà des frontières nationales, un événement discret mais potentiellement transformateur s’est déroulé début décembre 2025 dans la salle Muteta de la faculté de médecine de l’Université de Lubumbashi (UNILU). Un atelier national, rassemblant les principaux acteurs du monde académique congolais, s’est attelé à une tâche ambitieuse : refonder entièrement le système des écoles doctorales en RDC. Cette initiative marque-t-elle le véritable départ d’une réforme du doctorat Congo tant attendue, ou restera-t-elle un énième rapport sans suite ?

Pendant deux jours, recteurs, vice-recteurs, directeurs d’écoles doctorales et représentants ministériels ont débattu, parfois âprement, des bonnes pratiques à implémenter. L’objectif affiché est clair : structurer des formations doctorales qui répondent enfin aux standards internationaux de rigueur, de qualité et d’utilité sociale. Comment, en effet, justifier des années de recherche doctorale si les thèses produites ne sont ni lues, ni citées, et encore moins valorisées par l’industrie nationale ? Cette question cruciale a plané sur tous les échanges.

Les discussions ont mis en lumière un paradoxe congolais. Le pays regorge de brillants esprits et de sujets de recherche d’une richesse inouïe – des minerais critiques aux biodiversités uniques en passant par des défis sociaux complexes. Pourtant, le parcours du doctorant reste souvent un chemin solitaire, semé d’embûches administratives et marqué par un encadrement parfois aléatoire. L’atelier de Lubumbashi a donc insisté sur la nécessité de passer d’un modèle artisanal à un modèle institutionnel. Concrètement, il s’agit de créer de véritables écoles doctorales, dotées de maquettes pédagogiques standardisées, de comités de suivi, et exigeant des publications dans des revues indexées comme pierre angulaire de la validation du diplôme.

La formation doctorale de demain, telle que dessinée lors des panels, ne se limitera plus à la seule relation directeur-thésard. Elle intégrera des cours méthodologiques obligatoires, des séminaires de spécialisation et, innovation majeure, une forte incitation à la mobilité et à la collaboration interuniversitaire, y compris internationale. « On ne peut plus former des docteurs dans l’isolement intellectuel », a martelé un participant. Le défi est de taille : comment appliquer ces standards exigeants dans un contexte où les bibliothèques universitaires manquent d’abonnements aux grandes bases de données scientifiques et où les laboratoires sont sous-équipés ?

La présence et le discours de clôture de la ministre de l’ESURSI ont envoyé un signal politique fort. En reprenant à son compte l’expression de « révolution qualité », elle a donné une légitimité ministérielle aux résolutions de l’atelier. Un calendrier de transition a été évoqué, avec des échéances pour la soumission des projets d’écoles doctorales par chaque université. La pression est désormais sur les établissements : ils doivent concevoir leur modèle, former leurs encadreurs à ces nouvelles exigences et trouver des financements pour accompagner cette montée en gamme.

Cet atelier national enseignement supérieur a également levé un lièvre fondamental : celui de l’équité. La crainte exprimée par plusieurs est de voir se creuser un fossé entre les grandes universités bien dotées, comme l’Université de Lubumbashi qui a montré son leadership en organisant l’événement, et les établissements de l’intérieur du pays. La réforme réussira-t-elle si elle ne prévoit pas des mécanismes de solidarité et d’accompagnement spécifiques pour les universités les plus fragiles ? La question est restée en suspens, pointant vers un enjeu crucial de gouvernance du système.

En définitive, l’atelier de Lubumbashi a bien plus été qu’une simple réunion de plus. Il a posé les premiers jalons concrets et opérationnels d’une refonte systémique. Le chemin reste long et parsemé d’obstacles financiers, logistiques et culturels. La véritable réussite se mesurera dans les cinq à dix prochaines années, à l’aune du nombre de thèses congolaises citées internationalement, de brevets déposés et de start-up issues des laboratoires de recherche. La balle est maintenant dans le camp des universités et du gouvernement pour transformer cette feuille de route ambitieuse en réalité tangible. La communauté académique et le pays tout entier observent, avec l’espoir que cette fois-ci, la réforme doctorat Congo aboutira à une véritable élévation du savoir made in Congo.

Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: https://www.unilu.ac.cd/category/actualites/

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Yvan Ilunga
Yvan Ilunga
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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