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SADC : Tshisekedi privé de parole, la facture de la SAMIDRC se rappelle à lui

Dans un geste sans précédent qui a envoyé un signal clair à Kinshasa, la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a imposé une sanction diplomatique cinglante au président Félix Tshisekedi. Lors du sommet extraordinaire consacré à la crise politique à Madagascar, tenu ce mercredi 17 décembre 2025 par visioconférence, la présidence intérimaire sud-africaine a formellement refusé la parole au chef de l’État congolais. Ce refus de parole à la RDC au sein de la SADC n’est pas un simple incident de protocole, mais la conséquence directe et calculée d’un contentieux financier persistant. Selon des sources concordantes, cette mesure punitive fait suite au non-respect par Kinshasa de ses engagements budgétaires concernant la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC).

Le message est on ne peut plus clair : la solidarité régionale a un prix, et la parole n’est accordée qu’à ceux qui honorent leurs contributions. La SAMIDRC, déployée en 2023-2024 pour appuyer les forces congolaises contre la rébellion du M23 dans l’est du pays, a représenté un effort collectif majeur. Or, son financement, partagé entre les membres de l’organisation, est devenu le talon d’Achille de la diplomatie congolaise. Le mandat de la force a certes pris fin en mars 2025, mais les arriérés de paiement, eux, demeurent. Cette mise à l’écart du président Tshisekedi lors d’un sommet SADC Madagascar démontre que la patience des partenaires régionaux a des limites. Jusqu’où la RDC peut-elle étirer ses délais sans compromettre définitivement son crédit politique ?

La sanction ne s’est pas limitée à la RDC. Les Seychelles et les Comores, également en retard dans leurs versements, ont subi le même sort, privées de droit de s’exprimer lors de cette réunion virtuelle. Cette uniformité dans le traitement indique une application stricte et sans état d’âme des règles financières de la SADC, sous la houlette de l’Afrique du Sud. Cette dernière, en tant que présidente intérimaire, a ainsi rappelé à tous, et particulièrement à Kinshasa, le principe de réciprocité qui sous-tend toute alliance. Le geste est d’autant plus symbolique qu’il intervient dans un format virtuel, où la privation de parole est techniquement activée, transformant une simple sourdine en un symbole puissant d’exclusion temporaire.

L’humiliation n’est pas arrivée par hasard. Elle a été méthodiquement préparée. En amont du sommet des chefs d’État, la Réunion ministérielle et celle des Experts se sont tenues dans la même journée. Et à chaque fois, la délégation congolaise s’est vue refuser l’accès à la tribune. Cette escalade progressive, du niveau technique au niveau politique, démontre une stratégie délibérée de la part des instances de la SADC pour faire pression sur les mauvais payeurs. Le président Tshisekedi se retrouve ainsi doublement affaibli : sur la scène intérieure, où la gestion des finances publiques est un sujet récurrent de critiques, et sur la scène régionale, où son leadership est publiquement mis en cause. Quel crédit peut-il encore avoir pour porter des initiatives communes, alors que son pays ne respecte pas ses obligations les plus élémentaires ?

Les implications de cette suspension de parole à la SADC dépassent le simple cadre protocolaire. Elles interrogent la capacité de la RDC à être un partenaire fiable au sein des organisations africaines. Dans un contexte géopolitique régional complexe, marqué par des défis sécuritaires persistants à l’Est, la RDC a plus que jamais besoin du soutien de ses voisins. Pourtant, par sa négligence à régler les contributions financières pour la SAMIDRC, elle risque de se mettre à dos les mêmes alliés dont elle pourrait avoir besoin à l’avenir. Cette affaire révèle un paradoxe congolais : une diplomatie volontariste et ambitieuse, mais souvent contrecarrée par des faiblesses administratives et financières structurelles.

À court terme, la balle est dans le camp de Kinshasa. Le gouvernement devra non seulement trouver les fonds pour solder ses dettes, mais aussi mener un travail de lobbying pour restaurer sa crédibilité. Le risque est de voir la RDC marginalisée dans les débats cruciaux pour la région, notamment sur les questions de sécurité et de gouvernance. À plus long terme, cet incident pourrait inciter la SADC à durcir ses mécanismes de sanction, conditionnant davantage la participation politique aux contributions financières. Pour Félix Tshisekedi, l’enjeu est de taille : il doit rapidement convaincre ses pairs qu’il est un interlocuteur sérieux, avant que ce silence imposé ne se transforme en isolement diplomatique durable. La leçon est amère, mais elle est claire : dans le concert des nations, on ne chante pas gratuitement.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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