Face à une convergence alarmante de crises sanitaires, la République Démocratique du Congo intensifie son combat pour sauver des vies et construire un système de santé plus résilient. Le lancement de la phase deux du projet santé RDC, financée par le Royaume-Uni à hauteur de 5,9 millions de dollars, marque un tournant stratégique dans la réponse aux menaces épidémiques qui frappent le pays. Comment transformer cette aide internationale en bouclier durable pour les populations vulnérables ?
Le contexte est sans équivoque. Comme l’a rappelé le ministre de la Santé publique, Roger Kamba, la RDC est confrontée à une tempête parfaite de maladies. Depuis fin 2022, plus de 27 000 cas de mpox et 42 000 cas de choléra ont été enregistrés, entraînant plus de 6 100 décès. À ces flambées s’ajoutent la persistance d’Ebola, de la rougeole, de la polio et de la fièvre jaune, dans un environnement humanitaire déjà extrêmement fragile. Ces chiffres ne sont pas de simples statistiques ; ce sont des vies, des familles et des communautés entières plongées dans la détresse. Ils démontrent une vérité cruciale : dans la lutte contre les épidémies, l’anticipation et la préparation sont désormais aussi vitales que la riposte d’urgence elle-même.
C’est précisément sur ce crédo que se fonde le nouveau projet urgences sanitaires RDC. Financé par le gouvernement britannique via son ministère des Affaires étrangères (FCDO), il vise à passer d’une logique de réaction à une approche intégrée et coordonnée. Imaginez un système immunitaire national : au lieu de traiter chaque infection de manière isolée, le projet cherche à renforcer les défenses globales du pays contre toutes les menaces. L’ambassadrice du Royaume-Uni, Alyson King, a souligné que ce financement Royaume-Uni santé RDC continuerait à soutenir la lutte directe contre Ebola, le choléra et la mpox, tout en investissant dans les fondations du système.
Concrètement, cette deuxième phase, mise en œuvre avec l’OMS RDC, se décline en plusieurs axes majeurs. Le renforcement des capacités de diagnostic est une priorité absolue. Pourquoi ? Parce qu’identifier rapidement et précisément un agent pathogène, c’est comme reconnaître un ennemi sur un champ de bataille : cela permet de déployer les bonnes armes au bon endroit. À cet effet, trois nouveaux centres de référence pour les maladies et trois laboratoires seront construits dans des provinces à haut risque. Ces infrastructures seront des sentinelles essentielles pour détecter les futures menaces.
La surveillance épidémiologique et l’analyse des données constitueront la colonne vertébrale du projet. En cartographiant la propagation des maladies en temps réel, les autorités pourront anticiper les mouvements des épidémies et déployer des ressources de manière proactive. Parallèlement, l’engagement communautaire sera approfondi. Les leçons des précédentes épidémies, notamment d’Ebola, ont montré que sans la confiance et la participation active des populations, les meilleures stratégies sanitaires échouent. Il s’agira donc d’expliquer, d’écouter et de co-construire les réponses avec les communautés.
Le matériel remis par le ministre, incluant 85 ordinateurs portables et près de 450 tablettes, n’est pas qu’un simple don technologique. Ce sont les outils qui permettront aux agents de santé sur le terrain de collecter des données, de partager des alertes et de coordonner leurs actions, même dans les zones les plus reculées. La mise en œuvre ciblera plusieurs provinces durement touchées, comme le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, la Tshopo et le Tanganyika, mais aussi des régions comme le Kasaï ou le Mai-Ndombe. Au total, environ 1,2 million de personnes devraient en être bénéficiaires directs, et près de 5 millions indirectement.
Riku Edward Elovainio, chef de bureau de l’OMS en RDC, s’est félicité de ce partenariat renouvelé, saluant le leadership du ministère de la Santé. Cette collaboration tripartite – gouvernement congolais, Royaume-Uni et OMS – est un modèle de ce que peut accomplir une coordination internationale solide face à des défis sanitaires transnationaux. La première phase du projet, lancée en 2024, avait déjà jeté des bases solides dans la riposte au choléra et à la mpox. La phase deux vise à consolider ces acquis et à les ancrer dans la durée, pour un système de santé non seulement réactif, mais aussi préventif et robuste.
Que retenir de cette initiative ? Elle représente une lueur d’espoir dans un paysage sanitaire souvent sombre. Elle démontre que la communauté internationale reconnaît l’urgence de la situation en RDC et s’engage à y répondre de manière structurante. Pour le citoyen congolais, cela signifie potentiellement moins de vies perdues à cause d’épidémies évitables, un accès à des diagnostics plus rapides et des communautés mieux armées pour se protéger. Le chemin vers la résilience est long, mais ce projet de soutien aux urgences sanitaires en est une étape décisive. La vigilance et la mobilisation de tous restent toutefois indispensables pour transformer cet investissement en une protection tangible pour chaque congolais.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
